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Chien 51 de Cédric Jimenez

Un film de Cédric Jimenez

Avec: Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Stéphane Bak, Hugo Dillon, Louis Garrel, Mélanie Berthinier, Valeria Bruni Tedeschi, Daphné Patakia, Romain Duris, Artus

Dans un futur proche, Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.

Avec Chien51, Cédric Jimenez s’essaye, plutôt avec réussite au film d’anticipation. Pour le décrire, disons que nous nous situons probablement quelque part entre Luc Besson (Nikita, Léon plus que Le cinquième élément et Ridley Scott (Blade Runner) avec un barycentre plus proche du premier que du second. Malgré quelques grosses ficelles (point commun avec Luc Besson), notamment dans le développement de la romance, très appuyée et auquel on ne croit guère, qui s’insèrent assez maladroitement dans la dystopie qui elle s’avère bien plus intéressante. Cédric Jimenez se défend d’avoir voulu placer le thème de l’intelligence artificielle, au cœur du film, pourtant, vis à vis du livre qu’il a adapté, il s’agit d’un rajout. La dystopie nous entraîne dans un monde finalement assez proche du notre, Paris lui même n’étant que peu transformé, créant, au contraire de la romance, un effet de réel, et défendant une vision politique qui mérite d’être exposé: que se passerait-il si nous allons vers le tout sécurité, si nous classons les gens en fonction de leur classe sociale, et si nous allions vers le tout répression, avec tous les moyens possibles et imaginables pour minimiser les risques d’attentat. Que se passerait-il en somme, si nous poursuivions les tendances qui émergent un peu partout dans le monde. Jimenez à ce niveau vise simple, il ne cherche pas, comme Blade Runner, à aller chercher un imaginaire (à l’époque) lointain, à tirer le trait de la science fiction. Il ne cherche pas plus à instaurer une esthétique forte, et du côté de l’imaginaire, il s’appuie là aussi sur une forme de minimalisme qui favorise le réel, l’inscription de ce que l’on peut observer ici ou là, des barrières, des drones, de l’intelligence artificielle, des flics surarmés, des contrôles de plus en plus fréquents, il s’inscrit donc dans un Paris presque d’aujourd’hui, devenu zone inaccessible, pour les plus gueux. La possibilité de reclassement, de progrès dans la société n’existe quasiment pas, si ce n’est via une illusion donnée par les politiques, qui se jouent du rêve, et propose un jeu télévisé qui permet à des enfants de pouvoir accéder à ce paradis que constitue la zone 1. Jimenez en lieu et place donc d’un univers fort à la Blade Runner, s’appuie sur d’autres éléments, efficaces, pour nourrir son thriller d’anticipation. Premièrement une intrigue plutôt bien écrite, une enquête qui avance pas à pas, avec son lot de rebondissements, quelque peu prévisible mais sans certitude. Deuxièmement, une partition d’action confiée au duo composé par Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche, la première très crédible, par l’humanité qu’elle parvient à faire ressortir malgré une facade revêche, le second souffrant un peu de son âge pour que l’on puisse totalement y croire, mais son regard de toutou dynamique et attendrissant pourrait avoir ses effets, et il s’en sort très honnêtement dans les cascades qu’on lui propose. Troisièmement, si la prudence est de mise quant à la constitution d’un univers visuel, a contrario, l’univers sonore, les sons d’ambiance comme la musique occupe une place très importante dans l’instauration d’une ambiance stressante, plutôt avec réussite. Au final, Chien 51 ne devrait pas rallier le clan très resserré des grands films d’anticipation, mais il propose un divertissement de qualité, et comme nous le disions, un sujet intéressant.

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