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The Apprentice – Frankenstein ou Rock Star ?

Un film d’Ali Abbasi

Avec: Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova, Emily Mitchell, Martin Donovan, Patch Darragh, Stuart Hughes, Eoin Duffy, Chloe Madison

Ce film retrace l’ascension du jeune Donald Trump vers le pouvoir grâce à un accord faustien avec l’influent avocat de droite et arrangeur politique Roy Cohn.

Ce portrait très loin d’être au vitriol sur une personnalité pourtant caricaturale reprend des initiatives comme The Social Network sur le fond, sur la forme on reconnaît un grain propre, notamment, au nouvel Hollywood, lorsque New York brillant dans la nuit était filmée en pellicule. Construisant son récit entièrement comme une success story, Ali Abassi s’attèle à le mettre en image (80s, zooms, dézooms en constant mouvement), en musique (New wave essentiellement), et en mots (rares sont les silences, rares sont les pensées profondes, plus fréquents les petites phrases témoignant d’une pensée tantôt d’une pensée naïve, tantôt d’une idéologie profondément inscrite). Au choix, nous pouvons y percevoir un bon film rendant grâce à un style un rien passé de mode, ou un Dallas électrisé ce qu’il faut pour paraître plus profond qu’il n’est, divertir ce qu’il faut, mais aussi continuer d’entretenir l’Américan Dream tout en soulignant quelques conservatismes avec un rien d’humour saupoudré ici ou là. M’enfin, un Sidney Lumet (ou même un Scorcese ou Coppola, un Fincher plus sûrement) n’aurait pas expliqué le virement méchant – quand l’élève dépasse le maître, mais attention ici sans rébellion, Trump ce n’est pas Dark Vador, soyons clairs ! – du personnage par la chute du frère le plus faible qui entretient le « marche ou crève » de Donald. Pas plus qu’il n’aurait raconté les deux descentes aux enfers significatives du récit, celle du frère, Freddy Trump, qui déçoit ses parents à n’être qu’un pilote d’avion et qui en nourrit des démons destructeurs – là où Trump se tient droit – ou celle de l’avocat – le formateur bien aimée – de façon aussi accélérée ! A noter ceci-dit la qualité de la direction d’acteur, un prix d interprétation est possible (voire même un Oscar, Hollywood aime que les interprètes se grimment en monstres … sic) pour Sebastian Stan, bien plus intéressant ici que dans A different man (que nous avons subit lors de la dernière Berlinale), et s’il pouvait y avoir un prix du second rôle à Cannes, Jeremy Strong y serait un candidat tout indiqué, tant les deux partitions qu’il tient (l’homme fort, puis l’homme affaibli) sonnent justes.

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