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Blue Moon de Richard Linklater

Un film de Richard Linklater

Avec: Ethan Hawke, Margaret Qualley, Bobby Cannavale, Andrew Scott, Patrick Kennedy, Simon Delaney

1934. Lorenz Hart célèbre le grand succès de son ancien partenaire Richard Rodgers le soir de la première de sa comédie musicale Oklahoma ! à Broadway

Notre avis: ***

Richard Linklater abandonne temporairement la comédie pour revenir à un exercice de style où la contrainte oblige à , en même temps qu’elle comprend des limites. En premier lieu, Linklater se sert à merveille d’une correspondance entre Lorenz Hart, et une jeune femme, pour qui il se prend d’amour. Il imagine alors une scène, qui ferait une magnifique pièce de théâtre, où la situation amène l’artiste à vivre, le temps d’une soirée, des sentiments contraire, l’oblige à faire bonne figure en société, en même temps qu’il se sert de chaque personnage présente pour partager son ressenti, faire part de l’ambivalence que son émoi fait ressortir, une nouvelle vitalité, une nouvelle énergie, en même temps qu’il constate amèrement que son monde s’effondre, que la société ne lui pardonne pas ses tourments, et qu’il a déjà été remplacé dans le coeur de ceux qui ont partagé le succès avec lui. Un moment tour à tour enjoué, humiliant, émouvant mais aussi honteux qui pour nous parvenir se devait d’être incarné par un excellent acteur, comme peut l’être Ethan Hawke, sérieux prétendant à l’ours d’argent avec Andranic Manet. Les autres interprètes s’en trouvent éclipsés, relayés au second plan par la verve du personnage principal, et la sincérité manifeste qui se dégage du texte comme des expressions. La mise en scène, élégante, fait le tour de ce piano bar, aux velours caractéristiques d’une époque révolue, quoi que nous aurions préféré pour un tel projet, pour qu’il en soit renforcé, que Linklater tente le plan séquence unique. Qui plus est, l’intelligence du texte, les détails psychologiques qu’il laisse percevoir, mais aussi le principe du huis clos et du pseudo temps réel, rappelle deux réussites du cinéma d’auteur français, le très challengeant et conceptuel, My Diner with André -au succès critique indéniable outre atlantique- de Louis Malle, et le très réussi et troublant – par ce qu’il sonde de manière très précise un sentiment très particulier lié à la création artistique et du lien entre désir et création – La Belle Noiseuse de Jacques Rivette.

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