La jeune actrice au début de carrière prometteur était membre du Jury au Dinard Festival du Film Britannique. Nous l’avons rencontré à cette occasion.
Le Mag Cinéma(L.M.C.): Bonjour Alice. Nous sommes au Festival du cinéma britannique de Dinard. Quel est votre rapport personnel au cinéma britannique?
Alice Isaaz (A.I.): Alors, mon rapport personnel au cinéma britannique … Je le connais relativement peu. Enfin, je pense que je connais finalement certainement les metteurs en scène ou les acteurs que la plupart d’entre nous connaissent. Mais je peux dire qu’en tout cas, je suis particulièrement touchée et réceptive à leur humour, à ce ton qu’ils ont, cet humour noir qui moi me me rend très souvent hilare. Et je dois dire que c’est pour cette raison que j’aime particulièrement le cinéma britannique. Mais pas que. Mais je sais que depuis que je suis jeune, je pense que c’est la chose qui m’a le plus marqué dans leur cinéma.
L.M.C.: D’une manière générale, quel genre de spectatrice êtes vous? Quels sont vos films de chevet par exemple?
A.I.: J’ai pas tellement de registre à proprement parler de prédilection. J’aime aussi bien les drames que les comédies, ou que les polars. J’aime vraiment tous les registres dès lors que je suis touchée, que je suis émue. Que je crois en ce qu’on me raconte. Après, il y a plutôt des genres, en tous cas, je dirais avec lesquels je suis moins à l’aise. Par exemple, les films d’horreur, ça n’a jamais été tellement mon domaine de prédilection. Mais ouais, moi c’est surtout ce que je recherche avant tout, c’est d’être, c’est de ressentir des choses quand je vais dans une salle de cinéma.
L.M.C.: Quand avez-vous appris que vous feriez partie de ce jury du Festival du film britannique de Dinard?
A.I.: Il me semble que c’était au mois de juillet ou au mois d’août, durant l’été en tout cas.
L.M.C.: Vous étiez surprise ?
A.I.: (rires) Non? Pourquoi? Pourquoi l’aurais je été? Non, non, non, J’ai pas été surprise. Ça m’arrive régulièrement de participer à des jurys de festivals. Alors après, c’est vrai qu’au final, ce festival là, je ne connaissais pas je dois dire. Donc j’étais ravie de savoir que ça allait se passer à Dinard. Voilà, j’en avais entendu énormément de bien, donc j’étais très curieuse aussi de découvrir la ville au delà du festival. Mais non, j’ai pas été surprise, j’ai juste été super contente qu’on me les propose.
L.M.C.: Est ce que le fait d’être jury d’un cinéma britannique, pour vous, peut être l’occasion de développer votre carrière à l’internationale ? Est ce que c’est quelque chose que vous ambitionnez avec votre agent ?
A.I.: Alors oui, c’est quelque chose que j’ambitionne. Enfin, si ça doit se présenter à moi je le ferais. Je serai évidemment très heureuse. Maintenant, ce n’est pas un but. Je ne me suis pas mis un objectif à relever à tout prix, et je n’attends pas en tout cas de ce festival que ce soit le déclencheur de tout ça. Je pense que nous, on est là vraiment pour pour regarder des films, pour les juger. Je n’aime pas trop ce mot là parce que c’est dur en fait de départager des films qui n’ont absolument rien à voir. C’est une tâche qui est vraiment difficile je trouve. Mais moi je suis surtout là pour ça. C’est pour découvrir un cinéma, pour découvrir des metteurs en scène, pour découvrir de nouveaux acteurs, pour partager aussi avec des membres du jury que je ne connaissais pas forcément jusque là.
L.M.C.: Et si ça devait être le cas, est ce qu’il y a un réalisateur ou une réalisatrice qui vous fait rêver plus plus qu’un autre ?
A.I.: C’est dur comme question. Parce qu’il y en a, il y en a trop. J’ai pas envie de réduire ça. Il n’y en a pas qu’un qui me fait rêver. Enfin, c’est compliqué, mais même en France, il y a trop de gens avec qui j’ai envie de travailler. Il y en a même que je ne connais pas et certainement pourraient être mes meilleures rencontres professionnelles. C’est une question qui est un peu sévère…
L.M.C.: On revient un peu sur votre parcours. Tout commence un peu par hasard au départ…
A.I.: Complètement. J’ai été repérée dans un camping à Anglet, pas très loin de Biarritz, par un jeune metteur en scène qui m’a proposé de faire un court métrage. Donc c’est ça qui m’a donné le déclic. Ça ne m’a pas ouvert de portes, mais ça m’a donné l’envie d’intégrer le Cours Florent après le bac et ensuite les choses se sont enchaînées. J’ai eu un premier agent, j’ai commencé à tourner. Mais c’est vrai que le point de départ, la genèse, en tout cas de tout ce qui m’arrive aujourd’hui, c’est effectivement la rencontre avec un réalisateur dans un camping à Anglet, voilà tout.
L.M.C.: Donc si vous auriez un conseil à donner à une jeune actrice, ce serait d’aller dans un camping à Anglet ?
A.I.: (Rires) Non parce que c’est suffisamment rare à mon avis pour pour que ça se reproduise deux fois. On ne sait jamais. Cela dit, non, mais je dirais qu’un conseil que je pourrais donner à une jeune actrice, c’est de croire en son destin. Je pense que c’est ça au final, ce que j’ai toujours fait.
L.M.C.: Vous commencez au départ par des séries télévisées avant que l’on vous aperçoit dans un film grand public. Fiston pour ne pas le citer, une comédie française, mais aussi et surtout, et c’est un grand écart, vous teniez le premier rôle dans La crème de la crème de Kim Chapiron. A ce moment là, comment construisez-vous votre carrière? Est ce que vous vous dites, je vais faire une comédie, puis à côté, je vais faire autre chose. Ou c’est un hasard ?
A.I.: On ne construit rien. Je, pardon, je dis « on », mais je parle pour moi. On est juste tellement heureux d’être choisie pour des projets, de pouvoir travailler, de pouvoir tourner, qu’on nous fasse confiance. C’est hyper encourageant, hyper gratifiant aussi quelque part. Donc à ce moment là de ma carrière, au début, en fait, je suis juste trop heureuse de pouvoir tourner. Je dirais que ça s’est fait un peu après, quand j’ai rencontré aussi mon deuxième agent, Gregory Weil, avec qui pour le coup, j’ai compris qu’il fallait quand même quelque part avoir un peu une une ligne artistique à suivre. Effectivement, peut être varier un peu les plaisirs si on ne veut pas être cantonnée à un seul registre. Et j’ai appris aussi au fur et à mesure à lire des scénarios, à savoir ce qui me plaît, ce qui me plait moins, les rôles qui me conviennent vraiment, ceux où je me dis même si ce sont des jolis rôles sur papier, je me sens peut être pas de l’interpréter. Chose que je ne savais pas du tout faire quand j’étais plus jeune.
L.M.C.: La crème de la crème, c’est un premier rôle que vous tenez et du coup, pour l’avoir, vous faites un casting où vous le connaissiez ?
A.I.: Non. Alors j’ai complètement passé un casting. On a été, je crois, 400 ou 500 filles. Au tout départ, c’était un énorme casting et après j’ai passé les étapes du casting, tout ce qu’il y a de plus classique. Premier casting, un call back et puis un deuxième call back.
L.M.C.: Je reviens un peu sur le plan de carrière, même si sur ce mot il faut mettre tous les guillemets qui vont bien. C’est vrai qu’on vous voit dans des comédies grand public de Jean-François Richet, Rémi Bezançon, Clovis Cornillac. Mais à côté de ça, nous, on vous remarque dans les festivals avec des films comme Espèces menacées de Gilles Bourdos qui était à Venise, , Madame de Jonquière d’Emmanuel Mouret, Elle de Paul Verhoeven, où vous n’avez certes pas le premier rôle… La manière dont tout ça s’est construit, c’était encore un hasard ou cela était devenu déjà une nécessité d’alterner entre les registres ?
A.I.: Assez vite cela est devenu une nécessité. Plus qu’une nécessité, une envie. Je ne pense pas qu’en fait il s’agisse tellement de nécessité, mais plus d’un désir. Je pense que quand on décide de faire le métier d’acteur, ce qui nous plaît, c’est de pouvoir aussi, je pense, intégrer des mondes qui ne sont pas les nôtres, de pouvoir interpréter des personnages qui sont loin ou pas de nous. Ce qui est excitant dans le métier d’acteur, c’est de pouvoir faire plein de choses, de pouvoir apprendre plein de choses. Et donc forcément, quand on travaille avec des metteurs en scène qui ne font pas le même cinéma, quand on est dans des registres complètement différents, cet aspect là prend encore plus d’ampleur. On navigue entre des univers encore plus différents. Donc ça fait partie, je pense, de la volonté d’un acteur, de varier les plaisirs comme comme vous le disiez. Et après je pense aussi que c’est être bien accompagnée, c’est d’avoir un bon agent. Il y a beaucoup de facteurs qui jouent dans la construction d’une carrière, pas uniquement nous, notre envie. Parce que parfois aussi on souhaite des choses et qui qui arrivent que tardivement ou qui parfois n’arrivent jamais. Donc c’est un petit peu un mélange de tout quoi, Les envies, les propositions, l’agent.
L.M.C.: Est ce qu’aujourd’hui vous êtes plus confortable pour choisir vos rôles ou est ce que vous avez déjà conscience du caractère friable d’une carrière? Et du coup vous profitez un maximum tant qu’il y a des propositions?
A.I.: Je pense qu’on évolue tout le temps, On change. Enfin, je change d’une année à une autre. Je pense qu’autour de la trentaine, je me sens devenir peut être davantage femme. Donc je pense qu’à certains moments, on peut avoir la sensation d’être sûre des rôles qu’on veut avoir, d’avoir des évidences comme ça quand on lit certains scénarios. Et parfois on est peut-être un peu plus perdue ou on ne sait plus trop. Je pense que tout ça est voulu. Je change systématiquement. Je me fais peut être davantage confiance tout de même. Et en tout cas, j’assume davantage mes choix.
L.M.C.: Est ce qu’il y a un rôle que vous n’avez pas encore joué qui serait un regret pour vous ?
A.I.: (Rire) Je n’ai pas encore de regrets parce que je pense que ma carrière n’est pas terminée, donc j’espère en tout cas que les choses que je n’ai pas pu faire jusqu’à présent, je serai amenée peut être à les réaliser un jour. J’aimerais beaucoup faire une comédie un peu loufoque, décalée à l’anglaise par exemple. La comédie pourrait venir un peu de mon personnage. Jusqu’à présent, j’ai effectivement été dans certaines comédies, mais où, avec du recul, je me rends compte que mon mon rôle en tant que tel n’était pas le rôle d’où émanait la comédie dans le film. Donc je crois que j’aimerais bien me prêter à ce jeu là, parce que je trouve, que la comédie, en tout cas pour moi, c’est le registre le plus difficile.
L.M.C.: Si vous ne deviez retenir qu’un seul beau souvenir de votre carrière et un seul moment difficile, quel serait il?
A.I.: C’est super dur. Des bons moments, il y en a eu tellement. Franchement, aucun tournage ne se ressemble. Aucune promotion ne se ressemble, aucune sortie de film ne se ressemble. Des beaux souvenirs, j’en ai tellement … C’est comme départager des films, c’est super dur de dire ce qui justifie qu’un film est meilleur que l’autre. Alors qu’on a pris plaisir en visionnant l’un et l’autre. C’est un peu pareil, j’ai pris plaisir à tourner la quasi totalité de mes films et à les promouvoir, donc il y a de très beaux souvenirs pour chacun d’entre eux et c’est dur d’en citer qu’un seul. Non, ça c’est dur. Et pareil pour un moment le plus difficile. Il y a des tournages qui sont plus difficiles que d’autres, mais moi ça ne m’intéresse pas forcément de les citer, de citer celui pour lequel ça a été le plus difficile, parce que parfois on peut souffrir sur un tournage et au final, le film derrière est merveilleux. Donc on se console parfois aussi un peu comme ça en se disant bon, peut être que ça valait la peine. Au final, parfois ça se contrebalance après coup, on essaie d’en garder finalement que de bons souvenirs.
L.M.C.: Pouvez nous parler du film Vivant qui étaient projeté à Venise, c’était une belle aventure collective ?
A.I.: Ah ouais, c’était génial ce tournage. J’aime beaucoup Alix Delaporte. J’adore son cinéma. J’adore la femme qu’elle est, la réalisatrice qu’elle est. Et c’est vrai qu’elle a su créer vraiment cette cohésion de groupe entre tous les acteurs de ce film. Souvent, entre acteurs, on arrive à créer un groupe. Là, c’est vraiment elle qui a réussi à le créer avant même qu’on commence à tourner. Et donc c’est vrai qu’il y avait une énergie sur le plateau qui était belle et j’en garde un merveilleux souvenir.
L.M.C.: Pour finir, est ce que vous auriez d’autres projets à venir dont vous pourriez nous faire la primeur?
A.I.: Ben là, en ce moment, j’ai la série 66.5 sur Canal+. J’ai le rôle principal. La série a commencé à être diffusé depuis le 18 septembre. Je suis très fière de cette série. Elle est vraiment géniale. On a énormément de bons retours des spectateurs, une très belle couverture médiatique et une presse assez élogieuse. Donc ça m’a conforté dans l’idée que j’avais raison de l’aimer et d’aimer le résultat et d’en être fière. Ouais, ça j’aimerais vraiment que les gens la voient parce que je pense qu’elle mérite d’être vue (pour ceux qui ont Canal plus, parce que je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde malheureusement).
L.M.C.: Merci beaucoup Alice.
A.I.: Merci.
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