Varsovie 1983. Le fils d’une militante proche de Solidarność est battu à mort par la police. Mensonges menaces : le régime totalitaire du Général Jaruzelski va tenter par tous les moyens d’empêcher la tenue d’un procès équitable.
Notre Lion d’or. Nous venons de voir le film en sélection que nous trouvons le plus captivant, et le plus fin : Leave no traces.
Le Mag Cinéma – Venise 2021
Telle était notre réaction ce jour de Septembre 2021 lorsque nous venions de découvrir à la 78ème Mostra de Venise un film que nous n’attendions pas plus que cela, d’un réalisateur polonais , Jan P. Matuszynski, qui nous était inconnu, réputé pour des séries télévisés, sur un sujet politique – pas nécessairement notre tasse de thé, sauf saveur particulière. Et cet avis, nous le partagions entre critiques, nous venions tout simplement de prendre une claque, et, pour nous l’évidence devait lui la récompense suprême. Mais parfois les évidences échappent aux jurys – surtout à Venise ces dernières années…
Entre temps, pour sa sortie française, le film a été rebaptisé. Le nouveau titre, Varsovie 83: Une affaire d’Etat n’est pas des plus heureux, manquant de subtilité, mais passons, le film, a contrario, brille par sa justesse. Ce thriller politique nous rappelle les meilleures heures du cinéma américain des années 70. Nous sommes aux antipodes d’un cinéma sensationnaliste à la Fincher; le film trouve son intensité précisément là où un autre thriller politique nous avait lassé (Les promesses), dans la pertinence et la force du regard posé. La forme se met intégralement au diapason, la reconstitution fine et minutieuse, nous captive de tout son long, la mise en scène évite soigneusement tout effet tapageur. Bien au contraire, elle suit un fil très précis, très habile. Les relations psychologiques étudiées au peigne fin, la force du sujet en lui même, et son universalité – une fois de plus un film qui nous parle du passé pour interroger le présent, envoûte comme rarement les thrillers politiques parviennent à le faire.
Jan P. Matuszynski parvient à éviter tous les pièges dans lesquels des films comparables sombrent: la surenchère dramatique, la sur-explication, la complexification à outrance, les dialogues sur-écrits, rocambolesques et tortueux, et surtout les musiques et bruits d’ambiance qui guident les émotions que doivent ressentir le spectateur. Less est d’autant plus more, qu’en s’évertuant à ce que la forme épouse le sujet plus qu’elle ne cherche à le magnifier, non seulement l’impression de vérité s’en émane naturellement, mais surtout, un espace de réflexion s’invite au spectateur, qui peut à loisir identifier ce en quoi l’histoire passée, oubliée, résonne encore aujourd’hui.
Outre l’excellence de la mise en scène, de la narration et de la dramaturgie, la force du film provient également de la qualité d’ensemble d’interprétation, l’ensemble des protagonistes s’évertuent à transcrire plus encore cette impression de réalité, qui nous renvoie à Varsovie, en 1983, certes, mais probablement plus proche de nous encore. Magistral !