Under the silver Lake est un délire permanent dans l’ensemble jouissif. David Robert Mitchell s’en donne à cœur joie et cherche à prouver que parfois « less is NOT more« . Le génial réalisateur américain de The myth of the American sleepover et it follows sait prendre des risques, et il le prouve une fois de plus en changeant de stratégie: il ne s’agit plus de tendresse, ou de suggestion elliptique, exit l’histoire collective d’une bande d’adolescents – quoi que les acteurs soient de nouveau conviés, ou que Robert Mitchell s’amuse à diffuser The myth of the American sleepover dans un cinéma de plein air hollywoodien-, non cette fois, il s’agit ostensiblement de démultiplier les chemins du scénario, à l’infini quitte à flirter avec le style auto-parodique.
Dans un Los Angeles redécouvert par des passages souterrains, on suit les pas d’un jeune homme, Sam, interprété par un très convaincant Andrew Garfield, dont la raison semble altérée par la survenue d’une blonde non loin de chez lui. Il l’observe, telle Marylin, – le clin d’œil ira jusqu’à la scène de la piscine, tant qu’à faire …
Très vite, nous comprenons que le film n’aura que très peu de limite, que Robert Mitchell cherche avant toute chose à nous faire partager un univers, plus encore à nous y perdre comme de grands enfants ! Comme à son habitude, les références en tout genre vont foisonner pour former un tout tortueux, et, de façon presque ambivalente, cohérent. L’univers crasseux de Sam- un horizon bouché, une apathie, une léthargie dignes d’un Oblomov des temps modernes, sans pour autant que le personnage ne nous semble neurasthénique- peu à peu perd, ou prend tout son sens. S’il ne fallait citer que deux références, la première serait bien entendu Hollywood dans son ensemble, et la seconde, Scoubidou (ou Scouby-doo pour les puristes nés après 1980 qui n’ont pas connu cette orthographe francisée dans Croque Vacances ou Les Visiteurs du mercredi).
Sam évoque très ouvertement le personnage de Sammy dans la série animée américaine (Shaggy en anglais), défini -dixit wikipedia-, tel un grand dadais mal rasé, aux cheveux longs, qui se fait souvent traiter de hippie ou de beatnik.
A côté de ses pompes à 90%, son intuition le mène pourtant d’aventures en aventures, dans un voyage vertigineux où un mystère très enfantin s’épaissit de fil en aiguille. Si Robert Mitchell ose la crasse, même la vulgarité – ce qui lui a probablement valu de repartir bredouille de Cannes, quoi que son entreprise soit très audacieuse et rafraîchissante – , le résultat est un film hyper pop, culte en devenir, qui certes en fait un peu – beaucoup- trop mais puisque c’est là son sujet, on marche !