Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps…
Mia Hansen-Løve s’empare d’une double voire triple thématique, et parvient à nous toucher en scrutant l’intime. Léa Seydoux, très intéressante de nouveau (quand on lui propose un rôle plus subtil que chez Cronenberg), joue le rôle une jeune femme dont l’existence s’apprête à basculer. D’un côté, elle voit son père, qui incarnait pour elle l’intelligence, la connaissance, se désagréger. De l’autre, elle envisage de se débloquer et de se réengager dans une relation amoureuse, quelques années après une séparation douloureuse avec le père de sa fille. Ainsi, elle se fait le miroir de deux sujets de société de la plus haute importance, insuffisamment mis sur le devant de la scène et pris en compte par les politiques, la difficulté d’être une femme seule avec enfant, et d’autre part, la question des soins des personnes âgées, en EHPAD.
Mia Hansen-Løve nous raconte une histoire épurée, bien rythmée, qui met en lumière cet état d’âme particulier que chacun peut avoir rencontré dans sa vie, fait d’espoir et de fatalité en même temps. Elle ausculte assez précisément comment une épreuve peut s’avérer un point de déblocage, et rend grâce à la vie, dans ses contradictions, tout en contraste. Fin, délicat, et intéressant de tout son long, Un beau matin nous touche. Parfois, il reprend, en plus consensuel l’humanité que l’on pouvait trouver dans Amour d’Haneke, parfois il rappelle une aventure amoureuse qu’aimerait nous raconter Emmanuel Mouret. Mia Hansen-Løve livre peut être ici son film le plus resserré, sans s’éparpiller dans des concepts qui, par le passé, l’ont certes amenée dans des expérimentations cinématographiques intéressantes, mais quelquefois au détriment d’une certaine universalité, à laquelle elle parvient ici sans nul conteste.