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Les frères Sisters de Jacques Audiard: le dernier western ?

Les frères Sisters de Jacques AUDIARD

Avec John C. Reilly, Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed.

Charlie et Elie Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels, celui d’innocents… Ils n’éprouvent aucun état d’âme à tuer. C’est leur métier. Charlie, le cadet, est né pour ça. Elie, lui, ne rêve que d’une vie normale. Ils sont engagés par le Commodore pour rechercher et tuer un homme. De l’Oregon à la Californie, une traque implacable commence, un parcours initiatique qui va éprouver ce lien fou qui les unit. Un chemin vers leur humanité ?

The sisters brothers est certes un western, mais sans rien dévoiler du film, cette classification n’est pas, selon nous, celle qui lui sied le mieux. On pourrait parler de « horse movie », de film de cavale, car les relations qui sont dépeintes entre deux frères puis entre quatre personnages sont évolutives au fur et à mesure de la ballade à dos de cheval proposée, mais là encore, il nous semble que nous pouvons trouvé un  meilleur qualificatif.

Les frères Sisters est avant toute chose un film sur la transition vers une ère civilisée, un film qui fait de l’opposition entre deux frères (un bon interprété par John C Reilly / une brute interprétée par Joachim Phoenix– manque le truand mais il n’est pas loin) si différents l’un de l’autre mais réunis par le sang, le miroir parfait du changement qui s’opère entre les règles qui sévissent au far-west et la vie moderne qui s’instaure en Californie. Pour une fois, le scénario de Thomas Bidegain (issu d’un livre recommandable) fonctionne bien. Exit les défauts habituels de son écriture, l’histoire n’est pour une fois pas à la recherche continue de sensations fortes, ce qui laisse la place pour faire ressortir des aspects psychologiques, avec reconnaissons le, une certaine retenue, tout à fait appropriée. Certes, l’épaisseur de trait – ou de la ficelle – reste parfois un peu trop visible – notamment le caractère très marqué des quatre personnages masculins héros de cette histoire [Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed viendront compléter le duo des deux frères]; mais le décor s’y prête pleinement … 4 personnages, 4 niveaux de conscience, 4 niveaux de raffinement…

Le western, il faut le dire, présente cette particularité de narrer des histoires de cowboy, d’hommes durs, le plus souvent violent, potentiellement au coeur tendre.  Les traits des personnages sont marqués, par essence , la dure loi du Far west, et il suffit d’un rien pour que naisse le comique. Ainsi les BD se sont emparés du style, ainsi des western spaghetti ou des western des frères Coen. Dans un tel univers, où le réalisme ne compte pas, les grosses ficelles de Bidegain trouvent un écho particulier.

Par ailleurs, et cela se remarque, Jacques Audiard n’hésite pas à mettre en avant la référence qu’il avait en tête pour ce film – se reconnaissant par ailleurs peu féru en western : La nuit du chasseur.

Le film a reçu de très soutenus applaudissements en séance de presse lors de sa projection presse à la Mostra de Venise – quelques journalistes français bien bruyants, excès de Spritz ? –  mais avouons-le, nous qui sommes de fervents opposants au succès d’un prophète, nous qui avons détesté De rouille et d’os de tout son long, et exécré la seconde partie de Dheepan, oui,  ce Audiard là, bah on aime bien !

 

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