John Vogel était un personnage hors norme. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de son magnétisme et de sa capacité à faire de la vie une grande aventure. Il lui a beaucoup appris sur l’amour et la joie, mais elle va découvrir sa vie secrète de braqueur de banques et faussaire. Tiré d’une histoire vraie, FLAG DAY est le portrait d’une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille.
Sean Penn, nous avait plus que décu avec son dernier film projeté à Cannes, une sorte de publicité pour une organisation humanitaire. Le fond était vide, la forme immensément prétentieuse et Sean Penn se prenait pour Coppola ou Mallick. L’impression d’ensemble était le trop plein, la boursoufflure, provoquant dés la première heure un sentiment de rejet très net, voire d’écœurement. Rarement aussi mauvais film avait été retenu en sélection officielle à Cannes. C’est donc peu dire que nous allions découvrir The Flag Day à reculons …
Mais tout artiste a le droit de s’égarer, comme tout homme a le droit à l’erreur (dés lors que les nuisances et conséquences restent limitées et entendables) … et, oh miracle!, nous avons reçu très positivement cette nouvelle tentative ! The Flag Day est en effet une ballade aigre-douce très américaine, dont le charme opère petit à petit avec une certaine délicatesse. Si Sean Penn verse parfois toujours dans le clipesque quelque peu crémeux (façon cheese cake), l’équilibre d’ensemble, bercé notamment par une bande son intéressante (de Chopin à Cat Power), des images dignes d’un Mallick d’un bon jour, permet au récit de décoller, de transmettre l’amour entre une fille et son père, parfaitement visible à l’écran. Sean Penn filme magnifiquement sa fille, Dylan Penn, qui le lui rend parfaitement. Sous ses faux airs de Scarlett Johansson dans ses bonnes heures, son parcours, entre cris, larmes, ambition, amour, recherche de repères, mais aussi démons familiaux nous touche.
Sean Penn, lui même, est parfaitement crédible dans son rôle de père aimant, vivant mais toxique. La relation psychologique entre les deux personnages principaux ne donne pas lieu à une analyse, la place est au contraire donnée au sentiment, à l’émotion, avec comme nous le disions, une certaine retenue. Un excellent travail qui fonctionne parce qu’il puise sa matériau dans du vivant, dans une vérité qui n’appartenait jusqu’alors qu’à Sean et Dylan, et qui d’un coup d’un seul, par un coup de projecteur lumineux, rejaillit sur nos écrans. Si comme nous vous définissez l’art comme la capacité à encapsuler une énergie, une émotion, un sentiment dans une œuvre medium qui le retransmet à qui veut bien le voir, à qui en a les récepteurs compatibles ou les clés ouvrant les portes, alors, avec The Flag Day, Sean Penn nous a convaincu qu’il était artiste.