Le projet de Richard Linklater cinéaste prolifique américain, sur La Nouvelle Vague paraissait très ambitieux dès le départ, souhaitant reproduire une période historique (dans le pays lointain du réalisateur) qui remonte plus de 60 ans en arrière, et saisir toute une ambiance, tout un milieu artistique et intellectuel, en redonnant vie aux figures emblématiques de celui-ci à ce moment précis – critiques, cinéastes, amis et compagnons. L’originalité de l’idée tient à ce qu’il ne s’agit pas d’un biopic à proprement parler, en tout cas il ne s’agit pas de la biographie d’une personne (même si le personnage de Jean-Luc Godard occupe la place centrale) mais de celle d’une mouvance. C’était un pari particulièrement risqué; le résultat aurait pu être une carte postale, étant donné l’implication d’un regard étranger sur un phénomène culturel français, ou alors quelque chose de snob et fade dans le pire des cas.
Mais le film s’avère précis et juste, bien rythmé (surtout au début), rempli de détails intéressants, convainquants au niveau du scénario, de l’image (en noir et blanc), des décors et des costumes. Plusieurs personnalités célèbres de La Nouvelle Vague sont incarnés par des acteurs avec plus ou moins de réussite, mais le plus grand atout du film de tout évidence se trouve dans le travail de son acteur principal, Guillaume Marbeck, photographe fraîchement devenu acteur: non seulement il propose une belle interprétation et semble crédible dans son rôle (Il suffirait de le comparer avec Louis Garrel dans le pitoyable Le Redoutable), mais aussi sa ressemblance avec le cinéaste défunt (voix, visage, gestes) est tellement évidente qu’on peut le considérer comme le sosie officiel de Jean-Luc Godard (Tout le contraire d’Aubry Dullin dans le rôle de Belmondo). Le deuxième atout important du film est l’équilibre entre le ton sérieux et le ton comique, créé subtilement, au fur et à mesure des situations.
Le film débute en présentant une par une toutes les personnalités et les acteurs majeurs de La Nouvelle Vague à l’époque, mais quand le tournage d’A bout de souffle commence à proprement parler, il s’enlise un peu, du fait du caractère répétitif des scènes.
Au final, Linklater réussit à créer un portrait juste et charmant d’un jeune cinéphile ambitieux et cinéaste au début de sa carrière, à y rajouter de petites touches personnelles, et à nous montrer, avec une approche quasi documentaire, les différentes étapes de la fabrication d’un des films piliers de La Nouvelle Vague.