Taeko vit avec son époux Jiro et son fils Keita en face de chez ses beaux-parents, qui n’ont jamais vraiment accepté ce mariage. Alors que Taeko découvre l’existence d’une ancienne fiancée de son mari, le père biologique de Keita refait surface suite à un événement inattendu. C’est le début d’un impitoyable jeu de chaises musicales, dont personne ne sortira indemne.
Notre avis: ****.
Love Life de Koji Fukada bénéficie d’une remarquable structure de récit et d’une pluralité de thématiques qui s’enchevêtrent et s’interfèrent les unes les autres avec une grande méticulosité. D’un tire larme plutôt malaisant et appuyé, où les choses peuvent sembler simples en apparence, prenant ceci-dit soin de s’attarder sur des faits et gestes semblant anodins qui, cependant, en disent long sur les identités, les relations des personnages entre eux, mais aussi sur le rapport des japonais aux coréens (vu comme des assistés qui volent l’argent des japonais) le film glisse parfois progressivement, parfois en parfaite et inattendue rupture, vers des relations autrement plus complexes, où le passé de chacun des personnages ressurgit, où le deuil transforme chacun des personnages de façon inattendue, où les revirements de situation se font légions, toujours avec un très grand soin du détail qui permet de les intégrer pièce à pièce pour former un tout tout à la fois rocambolesque, saisissant et, de manière ambivalente, criant de vérité.
La magie de l’écriture et de la mise en scène résident ici dans cette capacité à ne rien laisser au hasard, à symboliser ce qui peut l’être, à laisser entendre, glisser un indice ici ou là, dans un regard, un objet, à interroger la communication – le langage des signes trouvent ici une utilisation et une métaphore sublime – pour donner à voir au spectateur une histoire simple, linéaire mais hautement ramifiée, et surtout, matière à réfléchir en permanence. Le regard du cinéaste nous accompagne à chaque séquence, tout à tour, philosophique, accusateur, psychologique, ethnologique aussi, faisant de Love Life un film complet et intéressant de tout son long. De cette histoire pourtant très inscrite dans un territoire (la frontière entre la Corée, et le Japon), et dans une temporalité (contemporaine), Fukada parvient, parce qu’ils s’intéressent comme aucun autre à ses personnages, à ce qu’ils traversent, ressentent, à nous proposer une récit universel.