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Laurent dans le vent d’Anton Balekdjian, Mattéo Eustachon, Léo Couture : La Douceur hivernale + rencontre avec les réalisateurs

Le Vent souffle où il veut: tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il ne vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. Ainsi dit Jésus à Nicodème (Evangile selon Saint Jean chapitre 3) 

Sur la base d’un récit romanesque, les trois réalisateurs du très apprécié Mourir à Ibiza, un film en trois étés (FID Marseille 2022) où il s’agissait déjà de rencontres, parfois malencontreuses, entre jeunes gens un peu perdus, s’intéressent cette fois-ci aux aventures de Laurent, un jeune homme seul, sans logement ni travail, qui, après un burn-out, trouve refuge dans l’appartement de la copine de sa sœur dans une station de ski dans les Alpes. Pour ce deuxième long-métrage plus concentré donc que le premier, sur le papier, tout semble prêt pour un film social conventionnel qui mettrait en son centre les problèmes de la jeunesse en galère. Mais Laurent dans le vent s’éloigne radicalement de ce schéma-là, et se construit ailleurs, il se développe autour d’une expérience métaphysique de la solitude. 

Dans un décor de montagnes enneigées, Laurent se balade à pied ou à moto, et rencontre, assez rapidement, quelques personnes isolées du village, avec qui il va nouer, naïvement, des relations ambigües, plus ou moins profondes, plus ou moins durables, souvent charnelles. A travers ces relations, il cherche à apaiser ses blesseurs intérieures, mais aussi et surtout à trouver un sens à sa vie qu’il estime perdue, nulle. Cette quête de sens, se présente comme le sujet du film, qui est mené avec beaucoup de douceur, beaucoup de respect vis-à-vis des personnages, et finalement, tout en grâce. Le ton âpre et taiseux du film, avec une mise-en-scène ascète, accentue le sentiment d’isolement, le chagrin et le besoin de consolation. 

La présence timide et touchante de Baptiste Perusat dans le rôle de Laurent, acteur qui joue pour la première fois dans un long-métrage, constitue le véritable atout du film: les cinéastes utilisent son corps et sa voix de la même manière que Bresson filmait ses “modèles”, c’est-à-dire qu’ils lui ont imposé d’une certaine manière de ne pas jouer, mais de simplement interpréter ses dialogues et ses gestes le plus mécaniquement possible, vidé de toute sur-interprétation. 

Nous avons rencontré Anton Balekdjian, Mattéo Eustachon et Léo Couture tout juste après les palpitations des premiers projections du film à Cannes:

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