Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l’extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…
Catherine Corsini, avec La Fracture, retrouve la verve qui était la sienne du temps de La Nouvelle Eve. Le message passe en premier par la qualité d’écriture, à toutes les étapes de la construction du film. Très appuyé (mais à dessein et de façon réjouissante), le scénario , la trame ainsi que les savoureux dialogues sont remarquablement ciselés. Les acteurs s’en donnent à cœur joie: le trio Pio Marmai, Valéria Bruni Tedeschi et Marina Fois se donne la réplique avec un rythme que l’on ne retrouve que dans les pièces de théâtre les plus majestueuses (il y a du Feydeau chez Corsini). Ils sont tous les trois parfaits dans leur costume respectif.
Le film peut être présenté ici ou là comme un phénomène d’immersion dans un environnement professionnel, comme le cinéma français, a, souvent avec qualité et précision, réussi à le faire ces dernières années . Mais ceux qui s’attendent à voir un énième Polisse ou Hypocrate (par ailleurs très valables), risqueraient d’être déçus, l’intention de la réalisatrice n’est pas nécessairement de saisir au cœur, de faire parler les sentiments en appel à la raison. Il s’agit bien d’avantage de faire rire à travers une comédie, très réussie, qui trouve sa matière dans le climat social français, et, le chemin faisant, de livrer une réflexion critique sur celui-ci, et d’appeler à un retour à la raison du cœur.
Le sujet politique existe, la pensée politique existe (et sera critiquée à droite plus qu’à gauche, quoi que), mais à bien y regarder, le véritable message porté par La Fracture est un message de réconciliation, et cela fait du bien ! (principe très proche de celui qui nous avait à l’époque fait aimer La nouvelle Eve, Bruni Tedeschi rappelant parfois Karine Viard)
La Fracture fait partie de ces quelques (rares) comédies qui savent diffuser un message, porter un regard sur la société, sans se prendre trop au sérieux, et livrer un message universel, qui peut paraître naïf ou trivial, mais qui, dans les faits, nécessite urgemment d’être rappelé et asséné.