Charlotte Gainsbourg a commencé à filmer sa mère, Jane Birkin, pour la regarder comme elle ne l’avait jamais fait. La pudeur de l’une face à l’autre n’avait jamais permis un tel rapprochement. Mais par l’entremise de la caméra, la glace se brise pour faire émerger un échange inédit, sur plusieurs années, qui efface peu à peu les deux artistes et les met à nu dans une conversation intime inédite et universelle pour laisser apparaître une mère face à une fille. Jane par Charlotte.
À 50 ans, Charlotte Gainsbourg fait ses premiers pas de réalisatrice tout en maitrise, et montre une nouvelle facette de ses talents. Pour ce documentaire, elle a choisi un sujet très intime et un milieu qu’elle connaît bien; mais cela ne veut pas dire que le travail était facile. Au contraire, parler de soi et de ses émotions profondes nécessite beaucoup de délicatesse, de courage, et de la sincérité. D’autant plus que le charme du film ne vient pas de son sujet, mais de son approche, qui s’avère originale, quelque part inattendue.
Jane par Charlotte n’est pas un documentaire sur Jane Birkin, mais sur une relation mère-fille tendue et particulière, un mélange d’amour/de haine et de non-dits, dans le contexte d’une famille recomposée. Charlotte joue un rôle aussi important dans le film, elle se positionne devant et derrière la caméra en même temps. Jane et Charlotte se parlent tour à tour, du passé et du présent, de leurs sentiments, des sujets tabou, elles se dévoilent face à la caméra. Elles entrent dans un dialogue entre femmes, mettant la féminité au centre du film. Avec un rythme dynamique et à travers leurs échanges, nous découvrons Jane Birkin dans ses moments de solitude, les souvenirs de ses amours, ses souffrances… Comme par exemple lorsque Jane et Charlotte se baladent, après plusieurs années, dans la maison de Serge Gainsbourg (un grand tableau de Brigitte Bardot nue au milieu du salon nous interloque) ou lorsque Jane parle de son problème d’insomnie qui embêtait Jacques Doillon. Les émotions transmises sont tellement fortes que même si nous n’avons pas vécu la même situation familiale, nous pouvons sympathiser avec les personnages, voire penser à notre propre mère.
La charmante bande-son, essentiellement les chansons nostalgiques de Jane Birkin, prend une place importante dans cette expérience. Il en est ainsi d’autres morceaux de musique, notamment quelques chansons de Charlotte Gainsbourg, dont nous attendons le prochain film avec impatience.