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Benedetta: Verhoeven trouve un terrain de jeu idoine

Paul Verhoeven est un réalisateur aussi décrié qu’adulé. Certains voient en lui l’archétype du réalisateur tout puissant qui aime à dénuder les femmes, d’autres, au contraire, mettent en avant sa vision « féministe », où les femmes, souvent fatales, se jouent toujours de leur pouvoir de séduction pour malmener les hommes et les renvoyer à leurs instincts les plus primitifs. Benedetta, s’inscrit dans cette droite lignée. Découvert lors du festival de Cannes, nous vous en proposons deux avis.

Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, Benedetta est capable de faire des miracles et sa présence au sein de sa nouvelle communauté va changer bien des choses dans la vie des soeurs.

NOTRE AVIS 1: ***

Benedetta , comme escompté, en relatant une tartufferie irrévérencieuse – d’après une histoire vraie aime-t-il à rappeler, permet à Paul Verhoeven d’y glisser sa malice, ses obsessions, et toute la perversion dont on le sait capable. Le théâtre permanent que propose la religion moyenâgeuse, comme avait pu la dénoncer d’autres avant lui à l’écrit ou à l’écran(Suzanne Simonin, la Religieuse, Le nom de la rose, Le moine de Lewis, …) et que ne renierait pas Debord, où les enjeux de pouvoir tolèrent les plus grandes tromperies, constitue un terrain de jeu idoine. Sur la forme, Benedetta, est un très beau produit, parfaitement fini. Said Ben Said le dit, Benedetta, est une superproduction d’art et essai. La lumière, la photo, la mise en scène sont juste magnifiques, certains arrêts sur images étant ni plus ni moins que des tableaux. Il est également bien servi pas ses actrices, qui investie dans le projet se laisse guider par Verhoeven, et ne craigne nullement de s’adonner à des scènes dont il a le secret. Mais il ne faut pas s’y tromper. S’il n’y avait cet évident jeu de miroir avec notre société, Benedetta serait purement divertissant, ferait causer dans les cours, mais resterait très inconséquent. Quoi qu’il ait pris quelques précautions d’usage, en mettant en scène un amour féminin, la nudité (comme l’humour) totalement gratuite mais assumée devrait quand même faire jazzer, comme la farce pourrait prendre.

NOTRE AVIS 2: ****

Benedetta est une œuvre majeure, proche du chef-d’oeuvre. Tiré d’une histoire vraie en des temps violents et sulfureux, le réalisateur y ajoute sa dose sexuelle mais aussi foncièrement mystique et mystérieuse. Sans aucun doute : son meilleur film. Le film devrait figurer au palmarès Cannois d’une manière ou d’une autre.

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