Lorsque son premier grand amour disparaît du jour au lendemain, Asako est abasourdie et quitte Osaka pour changer de vie. Deux ans plus tard à Tokyo, elle tombe de nouveau amoureuse et s’apprête à se marier… à un homme qui ressemble trait pour trait à son premier amant évanoui.
Pour ne rien vous cacher, nous ne connaissions pas Ryusuke Hamagushi, mais le fait que le film fasse partie de la sélection officielle à Cannes, lors même que nous espérions y voir figuré un Kyoshi Kurosawa qui se serait retrouvé, nous mettait la puce à l’oreille; ce film là devait avoir quelque chose, et probablement quelque chose de japonais. Alors peut-être qu’Asako nous rappelerait aux excellents souvenirs de Shokuzai, celles qui veulent oublier ou se souvenir, le très intéressant dyptique de Kurosawa, aux impressions si puisées dans l’imaginaire collectif de l’empire du soleil levant, peut-être aurions-nous à voir le nouvel empire des sens, ou bien un prolongement du cinéma de Kore-eda – lui même offrant un prolongement de Truffaut, de celui de Kitano, d’Akira Kurosawa, ou peut-être encore allions nous découvrir un chef d’oeuvre tel que l’anguille (Imamura) ?
Dans notre quête très banale sur la croisette de sentir la palme d’or, nous espérions beaucoup qu’elle puisse revenir à un film japonais qui respire le japon … Mais cela nous semblait totalement impossible, de façon objective, puisqu’Asako, très bon et bien meilleur qu’une affaire de famille, n’avait pas la puissance d’un Capharnaum ou la philosophie du poirier sauvage. Ses atouts étaient précisément sa japonité mais aussi sa narration tout à la fois fluide et inventive… revenons-y, Asako I & II porte en son titre une indication sur l’histoire auquel le réalisateur nous convie; deux facettes d’un même personnage, Asako, une jeune fille amoureuse d’un garçon qui vient à disparaître.
Deux histoires, deux hommes, mais un seul pays, le Japon, celui éloigné de Tokyo qui vit d’espoir, d’amour, de cerisiers en fleurs, de jolies choses, de tradition, et de chats plus rigolos et mignons les uns que les autres ! Ces derniers tiennent d’ailleurs une place assez centrale dans Asako… Le japon kawaï donc, mais aussi le japon pop, puisque l’un des deux personnages masculins, interprétés tous deux par cet acteur très souvent aperçu chez K. Kurosawa ces derniers temps, se révélera une immense star télévisuelle …
Le scénario est habile, le ton juste, on sourit très souvent, non parce que le film s’affirme drôle, mais parce que ses personnages sont touchants par leur tendresse, leur naïveté, leur sincérité, parce que nous découvrons sans cesse de jolies choses, de jolies pensées, parce que la facétie rythme le récit au même titre que les couleurs, ou même ce voyage dans le japon. L’intrigue principale elle même est habile, elle pose question, et jamais ne livrera pleinement ses réponses; la porte est ouverte à l’interprétation … Ce pourrait être une comédie romantique comme un film trompe l’œil, la folie s’est peut être invitée ici ou là, ou pourquoi pas, la métaphysique …
Bref, Asako est particulièrement charmant, et nous étions désolé qu’à Cannes il ne reçoive pas les honneurs qui lui auraient été dus …