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L’empereur de PARIS – Beaucoup d’argent pour un divertissement correct

Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le seul homme à s’être échappé des plus grands bagnes du pays, est une légende des bas-fonds parisiens. Laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire, l’ex-bagnard essaye de se faire oublier sous les traits d’un simple commerçant. Son passé le rattrape pourtant, et, après avoir été accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, en échange de sa liberté. Malgré des résultats exceptionnels, il provoque l’hostilité de ses confrères policiers et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix…

Une belle réalisation …

Jean-François Richet s’est donné les moyens de son entreprise … Un budget faramineux, qui nous rappelle quelques plus ou moins belle pages du cinéma français, les films made-in Claude Berry (Germinal en tête), bien entendu les productions de Thomas Langman – dont Mesrine-, qui partage avec son père le goût pour les grandes distributions clinquantes pour peu qu’elles servent un art, mais aussi les racontards de l’époque sur Le Hussard sur le toît de Rappeneau, ou même la malédiction qui avait frappé Les Amants du pont neuf de Carax.

L’argent ne fait pas tout, mais il fait couler de l’encre … Dés lors qu’un film français s’annonce dispendieux, la publicité se fait double … D’une part, la propagande qui s’affiche partout, sur le moindre bus ou abri-bus, la bande-annonce qui est multi-diffusée, et d’autre part celle que fait naître les média traditionnels – et probablement les alternatifs également – qui en vont sur leur couplet sur la nature salée de la facture, dans un mélange d’émerveillement et de reproches, sentiment qui se répand alors comme une traînée de poudre … Procédé marketing cynique ou innocent, le film en vient à être précédé d’une réputation, et les curieux n’ont alors d’autres choix que d’aller vérifier par eux même …

Alors oui, au Mag Cinéma, nous sommes les premiers à avoir succombé à cette curiosité, histoire de voir ce que rendrait ce Paris reconstruit entièrement (21 Millions rien que pour les décors) … La folie des grandeurs de Richet, que nous n’apprécions pas plus que cela, hormis quelques coups de chances par-ci par là, quand il a su faire preuve de fraîcheur – on ne parle donc pas des Mesrine, vous l’aurez compris- ne nous a pas rebuté. Un film de grand spectacle, en ces temps contestataires, peut avoir des vertus thérapeutiques, des effets sur le moral …

Notre œil critique s’est donc intéressé en premier lieu à la technique de réalisation, et sur ce point, nous avons été très agréablement surpris. Non pas que les décors sont très jolis, réalistes, non pas que les costumes sont beaux, nous nous y attendions; mais Richet capable de jolis plans, esthétiques, avec des prises de vue intéressantes, une photographie chatoyante, des mouvements de caméra qui épousent le récit, et se font œil pour le spectateur voilà une plaisante sensation !

Nous pensons en premier lieu à cette très belle scène qui se joue entre le personnage interprété par Vincent Cassel (Vidock) et celui interprété par Olga Kurylenko (la baronne), où Richet a l’excellente idée de filmer les personnages, les intrigues qui se jouent entre eux, par le filtre de mémoire, l’effet est saisissant. Nous pensons aussi à moindre titre aux scènes de combat, quoi que l’on soit très très loin de la grâce de combats chorégraphiés par un Ang Lee ou un Wong Kar Wai. 

Cependant, la bande son n’aura pas nos éloges (peut-être était-elle low budget ?)

Une distribution intéressante …

Au casting cinq étoiles de Richet, nous retrouvons donc sans surprise Vincent Cassel, et à ses côté l’actrice écossaise Freya Mavor – que l’on avait remarquée dans la Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil de Joan Sfarr aux côtés d’Isabelle Adjani-, mais aussi Fabrice Luchini en Fouché , Denis Ménochet, Olga Kurylenko, Auguste Diehl -[Confession d’un enfant du siècle, Inglorious Basterds, Le jeune Karl Marx]- , James Thierrée, petit fils de Charly Chaplin, Denis Lavant ou encore Patrick Chesnais. Une bien belle équipe sur le papier comme on a coutume de dire en football.

Un divertissement valable…

L’intention du metteur en scène ne devait pas être de faire un film art et essai, et il convient donc de s’éloigner de cette grille de lecture pour mieux vous parler du divertissement, du film de cape et d’épée à la française, voire d’aventure, que n’aurait pas renié un Jean-Paul Rappeneau quant à sa facture – le résultat heinh, pas le coût – . Le sujet aurait probablement pu être un défi qu’un Bertrand Tavernier en pleine forme eut également relevé. Richet a le sens et le goût du cinéma qui dépote, qui envoie, qui bouge – disons que c’est une qualité – mais cela peut tout aussi bien être un reproche … La première partie du film est plutôt enlevée, il serait exagéré de prétendre que nous ayons succombé dans la mise en situation, quoi qu’elle fut plutôt longuette, à l’ennui. Le développement du personnage principal, des seconds couteaux, et de l’intrigue principal se fait dans la foulée avec un certain rythme, à défaut de nous réjouir plus que cela, encore une fois, nous ne perdons pas le fil, et le divertissement sans être plein est acceptable, valable.

Mais un fond des plus prévisibles…

Oui mais voilà, il se devait d’y avoir un ou des mais, et ils sont de taille. Si la première partie du film est acceptable disions-nous, il nous est très difficile de tenir le même propos sur la deuxième partie du film, qui s’enlise dans un conformisme scénaristique des plus navrants. Notre pauvre Vincent Cassel – qui est une fois de plus très neutre dans son interprétation, ni bon ni mauvais – le contraire d’un Depardieu donc- voit apparaître un nouvel ennemi (Auguste Diehl) après en avoir vaincu un premier(Denis Lavant) retenu pour la gueule de l’emploi assurément. L’ironie du sort veut que ce nouvel ennemi soit justement son compagnon de galère, un rescapé de l’au-delà qui lui doit la liberté et la vie, et cherchait précisément son amitié. Nulle dimension philosophique ici malheureusement, on retrouve la trame cinématographique si éculée depuis Star Wars. A la fin, on sait qui gagnera … [ATTENTION SPOILER] Vidock ! [FIN DU SPOILER QUI N’EN EST PAS VRAIEMENT UN]

Bref, la dernière heure nous fait souffler, et on se dit, au final: DOMMAGE, ce n’était pas si mal sans cela …

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