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A Real Pain – Entre héritage et désillusion

Avec A Real Pain, Jesse Eisenberg semble vouloir interroger la mémoire et l’héritage à travers le prisme d’un road trip sentimental. L’idée n’est pas inintéressante : deux cousins que tout oppose se retrouvent pour un voyage en Pologne, sur les traces de leur grand-mère récemment décédée, ancienne survivante de la Shoah. Pourtant, si la promesse initiale aurait pu donner lieu à un drame poignant, Eisenberg peine à trouver une véritable direction, et son film s’enlise dans une narration cyclique, à force d’osciller entre deux pôles sans jamais les embrasser totalement.

D’un côté, une réflexion sur la transmission et le trauma historique, de l’autre, l’exposition des liens familiaux et des tensions entre les deux protagonistes. Mais plutôt que d’amener ces deux dimensions à dialoguer, Eisenberg les juxtapose maladroitement, sans parvenir à leur donner une réelle portée. Le film suit ainsi une structure répétitive, accumulant les scènes où les personnages semblent prisonniers de leurs propres névroses, sans qu’aucune évolution ne vienne briser la monotonie du récit.

Le duo principal, porté par Eisenberg lui-même et Kieran Culkin, ne parvient jamais à susciter une véritable empathie. Culkin, dans un registre familier, tente bien d’injecter un peu de nervosité et d’énergie, mais son personnage tourne rapidement en rond, tout comme celui d’Eisenberg, enfermé dans une mélancolie trop appuyée pour être touchante. Si A Real Pain devait nous faire ressentir le poids du passé et la difficulté de s’y confronter, il échoue à provoquer autre chose qu’un vague ennui.

Reste une mise en scène appliquée, quelques beaux cadres et une photographie sobre, mais qui ne suffisent pas à compenser l’absence de relief dramatique. A Real Pain aurait pu être une réflexion fine sur l’identité et la mémoire, mais il se contente d’un entre-deux frustrant, incapable de transcender son sujet. Une errance cinématographique qui, à force de tourner en rond, finit par ne mener nulle part.

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