Pris dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission à proprement parler impossible. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.
Nous étions très curieux de découvrir 1917, le nouveau film de Sam Mendes que l’on espérait revenir à ses plus belles heures, celles où il comptait parmi les plus imminents dramaturges britanniques, celles où passé derrière l’écran, il confirmait tout le talent vu sur scène, dés sa première réalisation (le très culte American Beauty), celles où son propre matériau servait de trame à une réflexion sur la vie en couple (noces rebelles), celles où on ne lui confiait pas encore la réalisation de James Bond et où son inspiration, son imagination, ses idées passaient avant le divertissement à tout prix, la trame imposée, tout aussi lucrative que convenue.
1917 s’annonçait ici et là comme un événement majeur; un nouveau grand film qui s’attaquerait à un immense sujet, à en ressortir l’horreur et les détails oubliés. Nous rêvions d’un Sam Mendes anti-militariste à la Kubrick (Les sentiers de la gloire, Full Metal Jacket), et comptions sur la technique annoncée – le fameux plan séquence de tout son long, qui fit ses effets quand Lazlo Nemes ou Gaspar Noe avant lui tentèrent et réussirent l’expérience – pour nous emporter, finir de nous convaincre;
Vous l’aurez compris à notre titre, il n’en est rien … La puce aurait du être mise à notre oreille par l’affiche sur laquelle ne figure pas le nom de Sam Mendes, que la plupart des cinéphiles connaissent, mais la périphrase « par le réalisateur de Skyfall« .
Le défi technique est certes relevé, il donne lieu d’ailleurs à quelques belles images, dont certaines peuvent être inspirées du Blade Runner 2049 de Villeneuve: l’éclairage orangé sur des sols sablonneux, une ville détruite, bombardée, les ombres portées, forment un tableau apocalyptique à la plastique intéressante, même à quelques jolis mouvements de caméra: la sortie de tranchées des soldats vu de profil quand le travelling principal suit le cours de la tranchée.
Nous laissons à d’autres le débat de savoir si la réussite technique est partielle et fallacieuse (le fondu au noir qui ouvre la deuxième partie du film, n’est-ce pas la définition d’un raccord visible ?) ou si elle est étincelante, et préférons lister laconiquement les nombreux manques de 1917, qui auraient pu en faire un film valable: le scénario, linéaire, simpliste et sans intérêt, les dialogues consternants, la quasi absence de point de vue, le caractère rocambolesque et artificiel de la quête, son rendu au final très irréaliste, et surtout, une musique absolument insupportable du début jusqu’à la fin, qui indique constamment au spectateur quand est-ce qu’il doit avoir peur, sursauter, se méfier, ou s’attendrir … Du grand spectacle vous dira-ton, du piètre spectacle, un ratage manifeste, nous vous rétorquerons !