Site icon Le Mag Cinéma

The voice of Hind Rajab de Kaouther Ben Hania

Un film de Kaouther Ben Hania

Avec: Amer Hlehel, Clara Khoury, Motaz Malhees, Saja Kilani

29 janvier 2024. Les bénévoles du Croissant-Rouge reçoivent un appel d’urgence. Une fillette de 6 ans est coincée dans une voiture sous le feu à Gaza et implore qu’on vienne la secourir. Tout en essayant de la garder en ligne, ils font tout leur possible pour lui envoyer une ambulance. Elle s’appelait Hind Rajab.

Kaouther Ben Hania livre un film décevant sur un sujet fort (la mort en direct d’une petite fille à Gaza et l’impossibilité pour la croix rouge d’organiser le secours). Le sujet écrase le film, l’émotion naturelle que le sujet comporte se voit instrumentalisée (peut être pas avec les gros sabots de Kathryn Bigelow mais nous restons dans le centre d’appel de la croix rouge). Cinématographiquement, cette dramatisation (mot employé par la réalisatrice elle même dans la version anglaise du générique de début) ne propose pas grand chose d’autre que des émotions et tensions entre collègues mimées, des micro revirements qui s’empilent, comme en usent et en abusent les escape movie, sans génie ni art. Étonnant de sa part, d’autant que ses précédents documentaires et fiction brillaient justement par leur concept, leur prise avec le réel. Ici, le dispositif de rejeu de la scène, et de dramatisation, semble, à l’américaine, viser une efficacité, un impact, bien plus qu’il ne cherche à s’approcher de la réalité, ou à la creuser. Si la bande sonore authentique, poignante, apporte sa part de réel, si le réel ne fait aucun doute et ne nécessite en aucun cas d’être démontré (le génocide à Gaza en cours reste documenté, malgré les interdictions à la presse de pouvoir se rendre sur les lieux), nous aurions aimé que Ben Hania s’appuie sur les témoignages de ceux qui ont vécu ce qui hélas n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, nous aurions aimé que les situations de stress à la croix rouge ressortent davantage, avec plus de naturel, nous aurions aimé qu’un tel sujet ne soit accompagné d’aucune ficelle scénaristique pour essayer de tirer les larmes au spectateur qui ne saurait pas, ou n’aurait jusqu’à présent pas voulu voir ou entendre, en faisant appel à son humanité, en retenant un exemple qui concerne une enfant attendrissante, innocente donc. Pour qui est déjà convaincu de la disproportion éhontée de la réponse du gouvernement de Netanyahu aux attaques terroristes du Hamas, les choix de scénario et de mise en scène de Ben Hania, n’iront certes pas jusqu’à détourner de la cause, mais ils apparaîtront plus futiles qu’utiles, laissant planer un faux suspense dont la fin est courue d’avance. Dommage. Puisse le film émouvoir cependant les moins convaincus, et ainsi alerter, comme il se doit, sur la folie de notre monde.

Quitter la version mobile