Un film de Mona Fastvold
Avec: Amanda Seyfried, Thomasin McKenzie, Lewis Pullman, Stacy Martin, Tim Blake Nelson, Christopher Abbott, Matthew Beard, Scott Handy, Jamie Bogyo, Viola Prettejohn
Une fable épique sur Ann Lee, leader religieuse et fondatrice du mouvement Shaker, proclamée par ses disciples comme le Christ féminin et qui a ensuite bâti l’une des plus grandes sociétés utopiques de l’histoire américaine. Lee, l’une des rares femmes à la tête d’une communauté religieuse à l’époque, et ses disciples pratiquaient leur culte à travers des chants et des danses exubérants.
Notre avis: ****
Mona Fastvold (et Brady Corbet, son mari) s’aventurent dans un projet qui ne manque pas d’ambition et nous livrent une proposition formelle très forte, qui ne peut laisser indifférente: une messe sensorielle, à l’univers visuel et sonore extraordinairement travaillée. D’ores et déjà, il nous semble que The Testament of Ann Lee ne pourra qu’être récompensée, pour sa radicalité et son exécution, peut être pas du Lion d’or car le motif répété à l’envi eut pu l’être sans fin mais a minima le prix d’interprétation reviendrait à Amanda Seyfried pour son éblouissante interprétation. Somptueux dans tous ses plans, le travail sur la photographie et la chorégraphie vaut film à lui seul, tout semble tableau en mouvement, quelque part entre l’école flamande et le caravagisme, les tons pastels des costumes étant mis en relief par des contrastes et des mouvements amples de personnages constamment en trans – effet probablement recherché chez le spectateur. L’ambiance musicale en elle même entête, là aussi jusqu’à l’envi et reste avec nous longtemps après le film, qu’on l’apprécie ou non. Nécessairement ce parti pris très messianique, a minima religieux, voire ésotérique, peut révulser, d’autant que le narratif par ailleurs semble stagner, s’arrêter sur la figure d’Ann Lee, sans nécessairement chercher à progresser, pour mieux le relayer au second plan. Car Le Testament d’Ann Lee précisément est plus à recevoir comme une pièce musicale, comme une performance, qu’une histoire, même si, le fond de la toile comprend bien des similitudes avec la naissance des Etats-Unis d’Amériques en tant que telle, et donc rejoint en ceci la grande Histoire. Si le projet devrait assurément diviser, nous apprécions vivement que la Mostra ait invité à sa grande messe cette entreprise à part, cette grosse production hors mode, hors tout, d’autant que nous ne pouvons pas dire de même de l’ensemble des films de la compétition, et des autres grosses productions sélectionnées, bien plus proches des canons de l’industrie.