Un film de László Nemes
Avec Bojtorján Barábas, Andrea Waskovics, Grégory Gadebois, Elíz Szabó, Sándor Soma, Marcin Czarnik
À Budapest, après le soulèvement contre le régime communiste, un jeune garçon juif, Andor, élevé par sa mère qui lui a raconté des histoires idéalisées sur son père décédé, voit son monde basculer lorsqu’un homme brutal apparaît, prétendant être son vrai père.
Notre avis: **
A l’instar de Bastien, auteur pour nous de cette très belle analyse du Fils de Saul, nous attendions beaucoup d’Orphan de László Nemes. Nous pensions déjà le voir en sélection officielle à Cannes, nous avons du attendre La Mostra pour enfin le découvrir. Sur le fond, comme sur la forme, le jeune réalisateur hongrois, en deux long métrages aux ambitions folles et à la maîtrise remarquable, à laisser entrevoir de (trop?) belles promesses. Promesses qu’Orphan, dans sa première partie par trop académique ne confirme pas, semblant à l’arrêt dans sa narration. Sur la forme, il déçoit aussi, ne comportant pas de signature forte, très loin par exemple des univers Viscontien entrevus dans son dernier long métrage Sunset, ou de l’exercice de style fou (le plan séquence film) dans laquelle la fougue de la jeunesse l’entraîna avec le Fils de Saul. Cette mise en place longuette tournoie autour de ses personnages, agace même par son insistance, ses motifs récurrents, et son parti pris de nous faire voir le monde au travers du regard de son jeune personnage principal, manquant assez singulièrement de charisme, et emprunté dans son jeu. Surtout, Orphan nous semble étrangement familier, laissant derrière lui un air de déjà-vu désenchanteur. Malgré un sentiment persistant que ce film eut été bien plus percutant 30 ans plutôt (à nous parler d’une époque sans réel rapport avec notre époque, à s’inscrire dans une histoire personnelle, en Hongrie, il manque d’universalité, de pouvoir réflexif), la seconde partie du film nous convainc davantage, en s’accrochant à son sujet principal la quête d’identité et surtout en le faisant rebondir. A mesure que le besoin d’identité trouve ses premières réponses, Orphan pose avec elles des questions autrement plus universelles que ce que la première partie ne parvenait à le faire. Un autre personnage prend alors le dessus sur le jeune orphelin, celui du père pressenti, interprété par le toujours très bon Grégory Gadebois quoi qu’utilisé dans un registre devenu caricatural pour lui – alors qu’il a montré d’autres gammes depuis, plus subtiles que ce rôle de boucher un peu rustre qui ne séduit guère malgré ses bonnes intentions – mais il le fait bien. La forme dans cette seconde partie se fait alors remarquer, notamment la photographie, sublimée notamment dans une très jolie scène finale.