Un film de Valérie Donzelli
Avec: Bastien Bouillon, Marie Rivière, Virginie Ledoyen, André Marcon
Un photographe à succès abandonne tout pour se consacrer à l’écriture et découvre la pauvreté.
Notre avis: **
A pied d’œuvre de Valérie Donzelli se range volontiers dans la catégorie des films intéressants à voir en salle, mais dont il nous semble que les faire concourir en festival les dessert, puisque pensé avant tout pour le public, pour leur faire partager un regard sur un sujet, et non comme un objet d’art. POur qui n’a pas lu le livre éponyme de Franck Courtès, le travail d’adaptation réalisé à plusieurs (y compris avec Courtès lui même) semble réussit, ce révélant émouvant et s’appuyant sur quelques bonnes idées de narration plus que de mise en scène. Valérie Donzelli réussit fort bien, et de façon étonnante quand on connait son goût pour la fantaisie, à capter le regard que l’écrivain transmet lui même, à questionner celui que tout à chacun peut avoir sur l’autre dans une société rouleau compresseur qui aime à invisibiliser la misère et culpabilise ceux qui y sont confrontés … jusqu’à faire entrer dans la tête des gens que la misère pourrait être une sanction méritée, notamment pour qui conserve des idéaux, ou s’attache à des valeurs jugés utopiques. Outre les attitudes condescendantes, moralisatrice, A pied d’œuvre, le film, présente le bon goût d’inverser le miroir et d »aborder d’autres perspectives, autour du regard sur soi cette fois-ci [transposition du regard que Franck Courtès a sur lui même], de l’estime de soi, mais aussi celle de l’image renvoyée dans sa famille. Le procédé appelle à l’empathie, jusqu’à nous toucher, à nous demander comment nous en sommes arrivés là, à cautionner une société qui valorise ceux qui écrasent, savent vendre, et broient ceux qui s’y refusent, par nature ou conviction. Notons enfin ce clin d’œil intéressant, là aussi en miroir inversé, qui introduit Courtès en cameo inversée (il se fait dédicacer son propre livre) et l’ambiguïté relative de la scène finale, qui s’écarte de la success story pour toujours laisser poindre le spectre de la peur du lendemain, mais aussi laisse entendre que le personnage principal aurait enfin trouver son bon équilibre, et du sens à son travail.