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L’Ordine Del Tempo de Liliana Cavani

Un film de Liliana Cavani

Avec: Alessandro Gassmann, Claudia Gerini, Edoardo Leo, Kseniya Rappoport, Richard Sammel, Valentina Cervi, Francesca Inaudi, Angeliqa Devi, Mariana Tamayo, Fabrizio Rongione

Un groupe d’amis découvrent que la fin du monde pourrait survenir en l’espace de quelques heures.

Notre avis: *(*)

Alors que la 80 ème édition de la Biennale de Venise a choisi d’honorer (en ce moment même, en suite de la cérémonie d’ouverture) Liliana Cavani, son dernier film est projeté hors compétition. L’iconique réalisatrice de Portier de Nuit revient avec un récit qui lui a probablement été inspiré par l’épidémie de Covid, et le sentiment que cette menace a pu réveiller chez chacun, la prise de conscience d’une fin potentiellement proche, d’un reste à vivre incertain qui appelle à mettre carte sur table, à mieux communiquer avec ses proches, à faire ressurgir des vérités cachées et à fuir les mensonges établis. En proposant un huis-clos bourgeois sur fond de fin du monde, – enfermement tout relatif des protagonistes dans une résidence de villégiature donnant directement sur une plage assez paridisiaque- Cavani s’aventure sur un terrain qui avait déjà inspiré par exemple Lars Von Trier (le chef d’oeuvre Melancholia) ou Abel Ferrara (le beaucoup plus discutable 4h44 dernier jour sur terre). Formellement, le film déçoit fortement, l’esthétique proposée s’apparente à une série de champs contre champs, très courts, pour suivre la parole des différents personnages réunis à l’occasion des 50 ans de Raphaella et de son mari, propriétaires de la résidence, les suit dans leurs différents mouvement depuis la maison vers la plage, et pour les convives en voiture avant de se rendre sur le lieu qui donnera lieu à la revisite de leurs passés en mode confidence collective. Nous espérions plus d’audace, plus de souffle, que la pourtant très belle musique de Pietro Marcello, utilisée sans aucune finesse, ne vient pas plus apporter. Le spectateur se trouve ainsi enfermés dans cet intérieur avec ces personnages dont il ne sait au préalable pas grand chose, si ce n’est que tous tiennent une place respectable dans la société (candidate légitime au prix Nobel, scientifique de haut rang, professeur pour ceux dont la profession est dévoilée). Parmi eux ceci-dit une domestique péruvienne, rappelant un temps que l’on penserait révolu. Chaque personnage, et chaque couple se voit confronter à leurs préoccupations sentimentales quand l’un d’entre eux avoue avoir travaillé sur la trajectoire d’une comète nommée Anaconda qui se rapproche de la terre a une vitesse très élevée, laissant planer la menace d’une extinction de l’humanité et de la faune terrestre. Le sentiment de panique ne les envahit pas tant que la curiosité envers les éléments techniques du phénomène (comment cela va-t-il se passer, peut-on le vérifier et le prédire plus finement, est-ce que la bourse s’effondre pour corroborer la thèse annoncée …) … Chacun se voit alors inquiet non pas tant de mourir, mais de devoir continuer de vivre sans avoir résolu des tourments qui les préoccupent (premier amour non avoué, relations extra-conjuguales non avouées, non amour, …) . Un petit théâtre s’installe ainsi jusqu’à cet instant fatidique, où une distorsion temporelle pourrait survenir … Si l’ensemble ne prend pas plus que cela, sauvons tout de même quelques dialogues par ci par là qui touchent à leur but essentiellement psychanalytique.

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