Si le festival Lumière fête cette année ses dix ans, son film d’ouverture, Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch, arbore fièrement ses trente ans avec une belle copie restaurée projetée ce 13 octobre dans une Halle Tony Garnier à nouveau comble. Devant un parterre regroupant de nombreux invités dont Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina, les deux têtes d’affiche du film, le réalisateur d’Un homme et une femme se montra disserte en louant notamment le caractère essentiel et crucial tenu par le festival Lumière depuis une décennie.
Concernant Itinéraire d’un enfant gâté, le réalisateur évoquera un film presque autobiographique réalisé durant une période où casser sa vie dorée et passer à autre chose n’étaient pas des idées qui lui étaient alors étrangères. Il y a donc dans le personnage de Sam Lion incarné par Jean-Paul Belmondo une part du metteur en scène de cette fin des années 80. Ces hantises appartiennent dorénavant au passé puisqu’en fin de présentation de son film et avant la projection de celui-ci, Claude Lelouch a annoncé son désir de réaliser en 2019 une suite à Itinéraire d’un enfant gâté qui reste l’un de ses plus gros succès.
L’itinéraire mis en images est sans destinations prédéterminées. Le film suit Sam Lion dans l’espace et dans le temps au rythme de flashbacks assumés. D’une ellipse à une autre, Claude Lelouch signe un hommage au monde du cirque (itinérant) et à celui, révolu celui-ci, de l’enfance. Le rythme d’Itinéraire d’un enfant gâté est aussi imprimé par la bande originale composée par Michel Lai et antérieure à la réalisation du film. Car il en était ainsi des demandes du réalisateur à son compositeur fétiche. Une caractéristique commune aux trente-cinq collaborations entre les deux hommes dixit Bertrand Tavernier.
Relevons enfin que cette bande originale laisse aussi une place à des chansons interprétées par Nicole Croisille et Jacques Brel. Le film est d’ailleurs dédié à ce dernier. Et si Itinéraire d’un enfant gâté parvient, trente ans après sa réalisation, à conserver une certaine fraicheur, l’explication est aussi à chercher de son duo d’acteurs. Jean-Paul Belmondo assagi touche par sa délicatesse. Face à lui, Richard Anconina apprend à ne pas trop « marquer » l’étonnement et trouve la bonne mesure pour endosser le rôle de trait d’union au sein d’une famille scindée.