Mathieu Amalric était l’un deux invités d’honneur (Avec Albert Serra) de cette nouvelle édition du FID. Nous l’avons senti très heureux d’être à Marseille, de pouvoir partager avec le public de façon très généreuse quelques unes de ces émotions, réflexions et coups de cœurs culturels (à travers sa carte blanche, son nouveau film Maitres anciens – comedie, une mise en scène d’une pièce de théâtre éponyme dans un théâtre fermé, où Nicolas Bouchaud prouve si besoin en était qu’il est l’un des plus grands acteurs de théâtre contemporain, et Amalric parvient à faire ressortir la force du texte) mais aussi lors d’échanges avec le public à l’issue des projections, et même au détour d’un verre, dans les soirées officielles ou à la sortie d’une projection. Amalric est non seulement un grand réalisateur et un formidable cinéaste, mais il est aussi un homme intellectuel fascinant à la culture et à l’enthousiasme contagieux. S’il nous a avoué, dans un temps d’échange où sa générosité et son humilité nous a marqué, se sentir déprimé, ou ne rien à avoir à dire sur sa carte blanche – lors même que précisément le regard qu’il portait sur les œuvres en question était vertigineux, et passionné, il était frappant de voir son énergie, sa joie naturelle et aucunement feinte à transmettre et à se sentir tout à la fois ravi de participer, à sa mesure, à la fête et aimé des autres, du public et des autres artistes présents au FID.
Ce 10 Juillet au MUCEM, Mathieu Almaric livrait une intéressante et brillante performance intitulée Marseille Musil Monstre. Celle-ci donne à voir une représentation d’un cinéaste qui se creuse les méninges pour pouvoir adapter quelques tommes de Robert Musil au cinéma, qui plus est sans faire de coupes et en se voulant le plus fidèle possible à l’œuvre original, tout en le modernisant. Les nombreuses réflexions sur la réactualisation des dialogues, sur les costumes, les plans (et les références cinématographiques), la façon dont le réalisateur interprète le texte et le projette sur ses acteurs, les images mentales qu’il énonce à haute voix ou qu’il échange avec ses contributeurs, de façon chaotique, désorganisée et toujours avec ardeur, captivent, produisent un remarquable effet de mise en abîme et bien souvent se révèlent drôle.
Amalric brille à la fois dans son écriture, et son interprétation, pleine de vie et d’inventivité, et son enthousiasme à jouer et à simuler ce que pourrait être un travail d’adaptation au cinéma de Musil, irradie. Avec émotion, énergie et beaucoup de sincérité, on le sent tout simplement heureux de s’être essayé à cette performance qui en appellera probablement d’autres.