Un film de Lila Avilés
Avec Naíma Sentíes, Monserrat Marañon, Marisol Gasé, Saori Gurza, Teresita Sánchez
Dans une grande maison, amis et famille se retrouvent pour un double rituel : c’est l’anniversaire du jeune père et peintre Tona, mais aussi une cérémonie d’adieu. Une miniature humaniste à l’âme jumelle : spontanée et frénétique, archaïque et spirituelle.
Notre avis : ***
Totem fait parti de ces quelques films qui s’intéressent à un instant particulier, à un temps suspendu charnière, qui convoque tout à la fois un passé, un présent et un avenir. Il le fait en épousant le regard d’une jeune fille sur sa famille, qui s’apprête à fêter l’anniversaire de son papa, pour ce qui pourrait aussi être son dernier anniversaire et un repas d’au revoir. Ainsi, la jeune fille ouvre les yeux sur une situation qu’elle pressent, mais aussi observe comment la situation affecte et ébranle toute la famille. Le passé d’abord nébuleux s’invite progressivement au hasard des conversations, pour la plupart prosaïque, mais aussi par le simple décor, le mode de vie de cette famille dans une grande maison où le grand père, obligé de faire appel à un micro spécifique pour combler la déficience de ses cordes vocales, continue d’exercer, de façon plutôt incongrue pour le spectateur qui le découvre par surprise, sa profession de psychologue. L’instant peut sembler grave – le cancer du papa pourra-t-il être guéri ? c’eut pu être le point central du film – , mais là où très souvent le cinéma ausculte les repas familiaux pour dévoiler ce qui fragmente une famille, Totem vise plutôt à mettre en avant l’union de la famille, la bonté, la volonté de continuer de vivre un peu comme si de rien n’était. Le regard peut ainsi rappeler par exemple celui de Cria Cuervos, le film nous émeut car nous imaginons les émotions et les doutes que la jeune fille traverse devant cette forme de cérémonie qui s’organise devant elle, devant cet instant qu’elle redoute où son père pourrait quitter la maison commune, comme avait pu le faire la grand mère un peu plus tôt. Film d’atmosphère, Totem, ne dévoilera pas tous ses secrets, tel la nature précise de la maladie ou le diagnostic, ni ne cherchera à forcément éluder les différents possibles, à commencer par ce que le sort réserve au papa après cet anniversaire, lui conférant de la sorte une forme d’universalité; ce papa, là, qui semble aimé de tous ses proches, vaut totem; il symbolise tout proche que l’on a aimé, que l’on aime, et qui lutte contre une maladie.