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FEFFS – Jour2

Nous vous proposons aujourd’hui une histoire de revenants, une colocation un peu particulière et un drame familial aux consonances poétiques.

The Canal

L’ouverture de The Canal, sixième long métrage de l’irlandais Ivan Kavanagh, laissait entrevoir un certain brio. La figure du revenant est réfléchi à la lumière du projecteur, une réflexion théorique que l’on aurait aimé voir plus amplement développé. Malheureusement ce traitement audacieux et réflexif se voit rapidement délaissé au profit d’une mise en scène plus académique qui s’autorise quelques moments de bravoure – très belle séquence dans les égouts où le trauma ressurgit. Le traitement de la thématique familiale ne s’aventure jamais au-delà des convenances établies, la réunification du clan prime sur la dissolution des valeurs. Cette conclusion est d’autant plus frustrante que The Canal présentait de belles promesses. Retenons tout de même certains effets réussis, une photographie assez belle signée Piers McGrail et quelques accords musicaux savamment composés par Ceiri Torjussen. Ces qualités nous semblent toutefois trop minces pour prétendre convaincre le jury de la compétition.

What we do in the shadows

Dans la section des « Midnight Movies », What we do in the shadows saura trouver son public. Cette comédie néo-zélandaise – la seconde du festival après Housebound – réalisée par Taika Waititi et Jemaine Clement, parodie les procédés du documentaire en filmant une colocation de vampires forcément atypique. Le sujet fait son effet pendant la première demi-heure mais perd de sa force sur la longueur. Si les dialogues sont souvent drôles, la répétition des situations réfrène considérablement l’originalité du film. On regrette aussi que la forme du documentaire n’ait pas été plus considérée par les réalisateurs. Incontestablement, les vampires de What we do in the shadows manquent de mordant.

White Bird in a Blizzard

Gregg Araki est un habitué du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg. En 2010, Kaboom, son avant-dernier long métrage, était projeté en clôture du FEFFS. La projection de White Bird in a Blizzard dans la section « Crossovers » marque donc son grand retour. Araki dépeint le portrait d’une famille américaine typique : dysfonctionnelle et hypocrite à souhait. La disparition d’une mère (Eva Green) enclenche chez sa fille (Shailene Woodley) une interrogation existentielle prenant la forme de flashbacks et de séquences fantasmatiques. On pense bien sûr à Mysterious Skin (2004), la brutalité en moins. Car si White Bird in a Blizzard transporte le spectateur, il ne le bouscule jamais. Araki s’est assagi et présente une version polie de son univers. On retiendra la tendresse constante du cinéaste dans sa manière de filmer les tourments et l’épanouissement des adolescents. On oubliera par contre le twist final, sans grand intérêt sinon de permettre à Araki de marquer le film de son empreinte… L’écran évidé de blanc amoindrit la critique de l’American way of life. Dommage, car le réalisateur n’a visiblement rien perdu de sa maitrise.

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