Muse de Fellini, Anita Ekberg était une actrice italienne, même si elle était née à Malmö, en Suède, le 29 septembre 1931, sous le nom de Kerstin Anita Marianne Ekberg. Elle était devenue une vedette ailleurs qu’en Italie, mais c’est à Rome qu’elle devint plus qu’une célébrité lambda : une star, un symbole du cinéma, affolant les hommes comme les femmes, les cinéphiles comme le public moins averti. C’est également à Rome qu’elle avait habité à partir des années 50, ne retournant jamais vivre dans sa Scandinavie natale.
Adolescente, elle avait été mannequin, était devenue Miss Malmö, puis Miss Suède. En 1951, elle concourt pour Miss Univers, échoue, mais la compétition lui permet d’obtenir un contrat à Hollywood avec les studios Universal. Sa blondeur, mais surtout ses mesurations iréelles, ont tapé dans l’œil du spécialiste du genre, le producteur Howard Hughes. Ce dernier veut lui faire changer son nom suédois, « imprononçable ». Elle refuse, rétorquant que, si elle devient célèbre, le public apprendra à le prononcer et que, si elle reste anonyme, cela n’a aucune importance.
Elle tourne à Hollywood, avec Tyrone Power, Jerry Lewis, Robert Mitchum ou Bob Hope. Ce dernier aurait déclaré, au sujet de sa plastique, que les parents Ekberg méritaient le prix Nobel d’architecture. Et c’est ce même corps, charnu comme le voulaient les standards de l’époque, qui fait d’elle le sex-symbol d’un certain érotisme alors naissant, celui des pin-ups et des magazines comme Playboy. Les photographes la pourchassent.
Les images paparazzées d’une de ses scènes de ménage avec son premier mari, l’acteur Anthony Steel, arrêteront l’œil de Fellini en pleine préparation de la Dolce Vita. Il la caste pour le rôle de Sylvia, star hollywoodienne, mélange de Bardot, de Marilyn, de Mansfileld et de toutes les autres. Fellini la juge «phosphorescente». Avant le tournage, Mastroianni est plus dubitatif quant à celle qui est surnommée l’Iceberg. Il dira: «Elle me rappelle un soldat allemand de la Wehrmacht qui, un jour avait tenté de me faire monter dans un camion». Les propos sont rapportés dans un article du Figaro de septembre 2001. Les deux acteurs deviendront très complices par la suite.
Anita Ekberg sera toujours associée à Sylvia, comme si elle était restée, aux yeux du public comme des cinéastes, dans les eaux de la Fontaine de Trevi. En Italie, elle tournera des films, certains pas fameux. Mais elle devient surtout une célébrité de la vie romaine, attirant les échotiers qui se délectent de ses amours, de ses inimités, surtout avec l’autre sex-symbol italien, Gina Lollobrigida. L’alcool modifie son apparence, elle grossit. Dans les interviews qu’elle donnait (toujours au sujet de La Dolce Vita), elle décrivait la manière dont les femmes n’avaient pas le droit de vieillir, alors que «Brando peut sans problème ressembler à un tonneau de vin».
Fellini avait lui-même filmé la permanence du mythe et la déliquescence physique des acteurs dans Intervista en 1987. Mastroianni et Ekberg, changés par le temps, regardaient ensemble des extraits de La Dolce Vita.
Aux yeux du Mag cinéma, les meilleurs films d’Anita Ekberg furent les trois qu’elle tourna avec Fellini, où, jeune ou âgée, elle incarnait l’héroïne Fellinienne par excellence.
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