Avril 1973
Lundi,
Cher Marlon
J’ai entendu dire que tu étais de retour du Sud du Pacifique ; mais je ne voulais pas t’appeler car je me sens toujours un peu sot lorsque que j’aborde la question du Parain. Je sais que tu donnes suite à mes appels de façon personnelle et amicale, du coup je ne parviens pas à vouloir en faire mauvais usage et mentionner ce qui me dérange.
Mon problème est simplement que je remet sans cesse à plus tard car je pense qu’il est possible que tu décides de jouer le jeune Vito Corleone. J’ai vu, auparavant, comment un fait peut naitre d’une maigre possibilité, et j’ai donc fait de mon mieux pour susciter une telle issue. Je suis devenu un vrai monstre de derrière les scènes pour me jouer à la fois de Yablans, Evans et Bludhorn ; et tenter de les convaincre de faire ce que je veux. Je dis à Yablans que seul lui peut y parvenir. Puis, je dis la même chose à Evans.
Je leur dis que le film ne peut pas se faire sans toi ; je dis à Yablans qu’il doit s’excuser auprès de toi. À présent Yablans dis qu’il essaye de faire le nécessaire, et de faire un effort pour l’argent etc., mais tu ne retourne pas ses appels.
Evans veut te rencontrer ; mais Yablans est terrifié à l’idée qu’il réussisse là où lui a échoué… donc il empêche que cela se réalise.
Mais ce dont s’agit réellement, c’est de moi. Marlon je te respecte énormément ; et si tu me disais que tu ne voulais pas le faire quelle que soient les circonstances… bien sur je respecterais ta décision et n’en ferais plus jamais mention. Et si tu le voulais, je ne le dirais à personne d’autre.
Tu m’as appris beaucoup de choses… l’une d’entre elles est qu’il ne s’agit que d’un film, bien peu comparé à tous ce que le monde contient.
Par moments, j’essaye ardemment d’imaginer comment tes pensées se comportent. J’ai réalisé que tu as été dans cette étrange condition d’adoration et d’exhibition depuis maintenant 25 ans, intensément… et je pense que j’en serais devenu fou. Et le fait que tu sois réellement un homme bon, chaleureux, et que tu aimes les gens, est un accomplissement exceptionnel étant donné que tu as été dans une boite de verre durant la moitié de ta vie.
J’ai toujours souhaiter te dire tout cela, bien que cela n’ait rien à voir avec cette lettre.
Tout ce que je veux dire, c’est que tu feras parti de ce film ; je ferais de mon mieux pour qu’il soit bon ; humain, et qu’il exprime l’idée que la Mafia est juste une métaphore pour l’Amérique et son capitalisme, qui est prêt à tout pour se protéger et se préserver. ( Je le ferais quoiqu’il arrive, si tu n’es pas dans le film, mais il serait meilleur si tu en faisais partie, et tu m’aiderais avec tes idées pendant que je travaille sur le script.)
Si tu n’en fais pas partie, je ne t’aimerais pas moins. Tout ce que je demande c’est que tu me le dises sans me faire douter plus longtemps, je t’en prie.
Je suis très heureux et passe et très bon moment ici. Après ce film, je quitte l’industrie du cinéma, et je ferais d’autres choses qui me passionnent (qui peuvent concerner le cinéma)
Sincèrement,
Francis
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