Jean-Pierre Bacri a eu une longue carrière, démarrée dans les années 80 en tant qu’acteur. Il vient de nous quitter des suites d’un cancer. Pour lui rendre hommage, nous vous proposons de redécouvrir deux de ses films peu souvent cités par les médias, mais qui, à nos yeux, sont parmi ses interprétations les plus marquantes.
Une femme de ménage
Jacques, ingénieur du son, habite depuis des années le quartier Buci. Quelques mois plus tôt, sa femme l’a quitté et sa nouvelle vie de célibataire semble avoir lentement glissé dans la monotonie et la langueur d’un emploi du temps partagé entre travail, bistrot de quartier et appartement désordonné.
Jusqu’au jour où il tombe sur une petite annonce : « Jeune fille cherche heures de ménage ». Le voilà alors face à Laura, une banlieusarde. Au fil des jours, Jacques va découvrir le charme simple de cette demoiselle à la vitalité débordante, pour à nouveau s’éveiller, comme malgré lui, à la vie des sentiments.
Dans Une femme de ménage (sortie en 2002), la comédie-romantique remarquable (mais dévaluée voire oubliée) de Claude Berri, adapté du roman éponyme de Christian Oster, Jean-Pierre Bacri joue un rôle différent, inattendu vis à vis de ceux qui ont fait sa renommée, notamment par la dominance de l’aspect romantique sur le comique. Un film d’amour minimaliste, concentré sur l’univers des deux personnages qui se croise étrangement, une romance particulièrement doux avec une fin particulièrement désenchanté.
La présence de Jean-Pierre Bacri dans le rôle de Jacques, apporte une touche douce-amère à l’histoire d’amour entre cet homme d’âge mûr, seul et solitaire, et une jeune femme, dé 25 ans sa cadette. Ainsi, le film dépasse ce qu’on l’aurait pu penser l’un de ses intentions: évoquer un fantasme masculin.
Nous découvrons peu à peu, lors des différents étapes de cette relation amoureuse improbable (mais quelle relation ne l’est pas?) la profondeur du personnage qui retrouve de la joie de vivre malgré lui, alors qu’il se complait d’ordinaire dans l’isolement. La façon de jouer ultraréaliste de Bacri montre d’importantes nuances de sentiments, sans jamais trop appuyer sur une couleur plus qu’une autre; il a l’air tour à tour sérieux, embêté, indifférent, amusé, curieux, attentionné, attiré, sentimental, chagriné.
Tout le long du film, entre les scènes de « ménage » dans un petit appartement à Paris et les vacances au bord de mer ensoleillé à Quiberon, le duo Jean-Pierre Bacri/ Emilie Dequenne fascine, à coups de délicatesse et de détails, dans les dialogues mais aussi les non-dits. Claude Berri fait le choix de rester du coté du personnage masculin, ce qui nous permet de vivre l’expérience (un peu féérique) avec lui, et de s’interroger sur les raisons qui poussent cette jolie femme à d’abord s’approcher de cet homme peu charmant puis à s’en éloigner…
La vie très privée de Monsieur Sim
Fin 2015, nous découvrions avec beaucoup de plaisir un Jean-Pierre Bacri qui offrait une partition différente de celle du râleur dont on vous rabâche les oreilles ces derniers jours. Voici la critique que nous en avions faite à l’époque: