Auteur Sujet: LE CINEMA D'HORREUR  (Lu 49267 fois)

Hors ligne Gilles Eusebe

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LE CINEMA D'HORREUR
« le: janvier 03, 2014, 04:08:34 am »
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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #1 le: janvier 10, 2014, 02:47:09 am »
Je ne suis pas THE spécialiste -trop sensible, sans doute, pour supporter certains films, quoi que j'en ai vu pas mal. Parmi les auteurs du genre Il maestro Argento est mon favori -et aussi ma plus belle déception : il est passé de Génie à créateur irrécuperrable de Nanard -le double de Ferrara quoi.

Mes films préféres d'Argento père :

Suspiria 1977

Phenomena (1985) uncut
« Modifié: janvier 12, 2014, 10:00:29 pm par Gilda »

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #2 le: janvier 10, 2014, 10:10:42 pm »
La nuit des morts vivants de George A. Romero, dans ce film les bases du film de Zombie sont posée :

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #3 le: janvier 13, 2014, 05:36:18 pm »
A moins de ne pas l'avoir vu bien sûr, je ne comprends pas qu'on puisse aimer Suspiria et ignorer Inferno qui en est l'aboutissement esthétique. Cadrages, lumières, couleurs, matières, textures, tout concourt à faire de ce film une véritable oeuvre d'art, au sens pictural du terme. Comme celui de Suspiria et de l'aveu même du réalisateur, le scénario n'offre que peu d'intérêt. Second film de la trilogie des Mères dont on peut zapper sans regret le dernier volet (La Terza Madre, comme son titre l'indique), il remplace le thème de la sorcellerie par celui de l'alchimie sans y toucher vraiment (la séquence du sous-sol de la bibliothèque et les salamandres des fresques de l'immeuble y font directement ou indirectement référence). Suspiria nous entraînait dans un tourbillon de violence qui nous laissait peu l'occasion d'admirer l'aspect esthétique de l'oeuvre. On en retenait essentiellement la dominante rouge-sang où baigne tout le film sans prendre le temps de se pencher comme le fait par exemple la caméra en plongée sur toutes les nuances de bleu des reflets d'une piscine, ou encore sur les détails d'un décor aux angles vifs taillés au couteau annonciateurs du carnage à venir, où les poignées de porte se situent à hauteur de visage d'héroïnes pourtant adultes...

Inferno, avec son rythme lent (trop lent pour nombre de fans du maître qui ont boudé le film), favorise un état contemplatif. Si Suspiria s'ancrait encore en partie à la réalité (à défaut de la connaître, tout le monde ou presque a entendu parler de la Forêt Noire), Inferno plonge le spectateur dans une atmosphère totalement onirique d'où il n'échappe qu'à la toute dernière séquence du film, avec les plans de rue, de la foule et de l'immeuble en flammes. Dédale inquiétant de pièces lumineuses et de couloirs obscurs, juxtaposition insensée d'espaces en totale opposition où l'on passe, comme dans INLAND EMPIRE de David Lynch, d'un salon luxueusement meublé aux tentures délicates à un débarras sordide où s'entassent les objets les plus hétéroclites sous la poussière et les toiles d'araignée, où les combles abritent les chats errants du quartier et où flottent des cadavres en décomposition dans la cave inondée jusqu'au plafond (la séquence de terreur aquatique est souvent citée comme meilleur moment du film), l'immeuble new-yorkais est au centre de toute l'histoire qui n'a ni véritable héros ou héroïne, autre aspect déconcertant du film. L'immeuble d'Inferno est un organisme vivant qui enfante des monstres comme le Nostromo, le vaisseau d'Alien de Ridley Scott auquel un plan fait clairement référence. Argento ne s'arrête pas là et multiplie les clins d'oeil, de Tippi Hedren attaquée par les oiseaux dans le film d'Hitchcock (Daria Nicolodi agressée par les chats dans le grenier) à Blanche-Neige (Sara se pique le doigt à la portière du taxi et son sang vient se mêler à la pluie qui ruisselle) en passant par Satanik, personnage de romans photo pour adultes des années 60, et use abondamment de la symbolique (celle de l'eau notamment) qui va se glisser jusque dans des inserts apparemment sans rapport avec l'action en cours (guirlande de silhouettes en papier dont un ciseau vient couper les têtes, salamandre gobant un papillon...). Côté bande son, Keith Emerson prend le relais des Goblin et la musique perd de son agressivité, à l'exception d'un titre ou deux qui reflètent le premier volet de la trilogie : la scène du taxi par exemple, copiée presque à l'identique, un des rares moments du film où l'on retrouve les couleurs violentes de Suspiria remplacées par une dominante douce bleu/rose pâle. Le spectateur qui s'ennuie entre deux scènes gore, d'ailleurs peu nombreuses et moins violentes que dans Suspiria, est passé complètement à côté du film.

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #4 le: janvier 13, 2014, 06:49:58 pm »
Le cinéma d'horreur est comme tout genre intéressant quand il se renouvelle, ou quand il pose les codes fondateurs, et devient terne quand il applique ces même codes de façon industrielle.
Le génie se meurt ... Et quelle grille de lecture apporter pour qualifier un film d'horreur ?
A trop vouloir faire peur, on fait rire ... Si l'on rit, quand on voulait avoir peur, aime-t-on ?

Alors pour répondre à la question posée dans cette thématique, je dirais que des oeuvres comme Massacre à la tronçonneuse sont des oeuvres fondatrices, et qu'elles revêtent un intérêt premier, quand les maîtres du genre sont à rechercher par ailleurs du côté du pays du soleil levant.
« Modifié: janvier 14, 2014, 06:34:14 pm par le mag cinema »

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #5 le: janvier 13, 2014, 09:16:59 pm »
Oui le film d'horreur peut faire rire Brain Dead de Peter Jackson en est un parfait exemple.

I Kick Ass For The Lord!

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #6 le: janvier 14, 2014, 05:16:20 pm »
Enfermé qu'il est dans un cahier des charges de plus en plus contraignant, il y a belle lurette que le cinéma, tous genres confondus, n'est plus en mesure d'innover en quoi que ce soit. Il se prolonge sur un acquis qu'il se contente de mettre aux goûts du jour, et si d'aventure il prend à un réalisateur la fantaisie d'en transgresser les codes, il ne trouve pas à produire son film ou à le distribuer s'il a les moyens de le produire lui-même. Les mésaventures d'un David Lynch (déjà cité) sont là pour en témoigner.

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #7 le: janvier 14, 2014, 09:28:41 pm »
Hum je pense que c'est plus compliqué que cela.
De marginal ou réservé à un public averti le film d'horreur est devenu pour beaucoup une distraction, un genre populaire et fun, propice à drainer plein de spectateurs qui ne vont voir que ça ou/et les franchises au ciné. Beaucoup de gens que j'ai croisé et qui se passent bien du cinéma regardent exclusivement ce genre de films pour se marrer.

Personellement ce n'est pas du tout le rapport que j'entretiens à ce type de films.
D'ailleurs, avant, j'avais vraiment du mal à voir ce type de films. Je n'ai pas un rapport ludique à cela. Et si j'en aime un c'est pour d'autres raisons (esthétiques, conceptuelles etc). C'est d'ailleurs pour cela que j'apprécie Argento.

Mais ces dernière années on a vu paraître les parodies de films d'horreurs (Srceam) puis les parodies de paradies (Scary movie), les films à très petit bujet qui joue sur l'aspect docu (Blair Witch et plus récemment Paranormal Activity). Saw est devenu une franchise en faisant aussi d'un bujet minimum une franchise.

Pour répondre pour Argento, j'ouvrais le bal, donc j'attendais que d'autres fans d'Argento pointent le bout de leur nez.
Il a fait tant de bons films... Ses premiers, les giallos, puis sa phase esthétiques, puis le début du déclin avec cet entre deux (Le syndrôme de Stendhal, Le fantôme de l'opéra) avant d'enchaîner les navets ou plutôt nanards en dépit des pêches économiques, artistique ou médiatiques qui lui ont été offertes.
Son dernière, Dracula 3 D, que même des bien plus fans que moi n'ont pas vus, a été présenté à la scéance de minuit à Cannes il y a un ou deux ans. J'étais là.
Et là, problème technique, fans trépignants etc. Au final, un film consternant et gênant mais pas dans le bon sens.
Il y a quelques temps, pas si longtemps, il y a eu une projection de Suspiria au TNB de Rennes, lors de Courtmétranges, le festival du film d'horreur qui se trouve être rennais. Argento n'a pas pu venir, le producteur du film est venu et a dit des choses très intéressantes, et puis, énorme problème technique qui a fichu la soirée (et le film) en l'air -il était "compressé", on ne voyait pas les sous titres. D'aucun, du coup, croient qu'il est maudit ;D Mais c'est vrai que les deux projection au cinéma de ses films en grandes pompes ont eu  des problèmes incroyables (dédoublement de l'image à Cannes et non fonctionnement de la 3 D), film d'une heure en retard à Courtmétrange puis projection du film fichant en l'air tout le travail pictural et le sens du film. ???



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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #8 le: janvier 17, 2014, 07:01:47 pm »
Je préfère aussi ses premiers films, sa" trilogie des bêtes", si on peut dire. L'aboutissement en est Profondo Rosso, stupidement traduit par Les Frissons de l'angoisse (une spécialité bien française de donner des titres ridicules aux films étrangers). Pour moi le virage se situe à partir de Ténèbres (qui succède à Inferno justement). Mais honnêtement je n'ai pas vu tous les films de cette période. Quelque chose me dit que je n'ai pas perdu grand-chose...

Amusante l'anecdote du film maudit, mais techniquement je m'explique mal le problème du film "compressé". Pour qu'il le soit, il ne peut s'agir que d'une copie 35 mm projetée dans un mauvais format, je suppose un pano 1.85 (Suspiria étant en scope). Dans ce cas l'image reste effectivement anamorphosée à l'écran (les acteurs sont reproduits comme dans les miroirs "amincissants" des fêtes foraines) et les sous-titres sont invisibles puisque l'inter-image du pano est bien plus large que celle du scope. Ça me paraît quand même énorme qu'on embauche un opérateur qui picole pour un festival !

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #9 le: février 25, 2014, 12:29:20 pm »
Bonjour à tous !

Alors on m'as gentiment demandé d'alimenter ce topic. Et c'est cool ça parle d'Argento et de Romero ici, mais je vais pas trop m'attarder là-dessus parce que c'est un peu la base quoi ^^. Le cinéma d'horreur est très vaste; c'est-à-dire qu'il possède plein de sous-genre, qui parfois eux-mêmes possèdent des sous-genres. C'est un peu comme en musique. Par exemple, il était évoqué "Massacre à la tronçonneuse", ce film à été le précurseur des Slashers qui est un sous-genre qui tend à être gore. Alors c'est vrai, parfois l'excès d'hémoglobine provoque une bonne poilade chez le spectateur plutôt que des...frissons d'angoisse (ouh c'était jolie ça  ;D). D'ailleurs quelques réalisateurs de film de genre ont eu cette curieuse impression que leur oeuvre n'était pas pris au sérieux. Alors que des films tels que "Shining" ou "The Others" font partis du genre fantastique (des personnages ordinaires qui sont entraînés dans des évènements surnaturels). Ici, le film base son angoisse sur son ambiance avant tout.
Avec tout ce petit monde, on peut donc dire que, c'est vrai, le cinéma d'horreur est très codifié, voire, sur-codifié puisque les sous-genres répondent eux-aussi à des codes précis. Mais...? Du faîte qu'on connaisse aussi bien les règles, ne peut-on pas s'en amuser encore plus ? Je prend comme exemple les films que j’appellerai du type "la forêt ça pue". Ce genre doit respecter une et UNE SEULE SITUATION possible : un groupe d'amis passent des vacances dans une cabane/chalet/maisonnette perdus dans la forêt quand soudain ils doivent lutté pour leur survie car un [ENTER THE TYPE OF YOUR BOOGEYMAN] se met à les agresser violemment. "Vendredi 13" par exemple (ouais mais c'est aussi un Slasher...) bon ben Evil Dead alors ! On voit bien ici que plus on exploite la chose moins on aura d'originalité...certes mais ça n'empêche pas à Lionsgate (saga "Saw") de produire l'excellent "The Cabin in the woods" qui est un hommage à ces films de genre mais qui apporte son lot d'originalité au second degrés. Et je me rend compte que c'est un mauvais exemple parce que si j'explique plus, je spoilerai tout le sel de ce film. Donc j'ai plus qu'à vous conseiller de le regarder  ;)

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #10 le: février 26, 2014, 02:05:58 pm »
Bienvenue parmi nous (on commençait à s'ennuyer un peu, il faut bien le dire...).

Les codes peuvent être transgressés pour transcender le genre et faire d'un film d'horreur un authentique chef-d'oeuvre du 7ème Art. Avec "Alien", Ridley Scott reprend exactement la situation que tu as décrite, tout en ciblant un public plus large. Les préoccupations de l'équipage du Nostromo ne sont donc pas les mêmes que celles d'un ado moyen, mais les "ingrédients" sont bien là, transposés dans le futur. Finalement, tout ce qui caractérise le genre ramène à la vieille histoire du château hanté (qui a fait ses preuves).

Un esprit sain ne rit jamais de "bon coeur" devant un carnage sanglant (qu'importe le film). Le rire est une réaction à la répulsion (consciente ou inconsciente) que lui inspirent les images, il résulte essentiellement de la notion de groupe. On rigole pour faire le malin devant les copains et surtout les copines. Le même individu qui s'esclaffait à "Massacre à la tronçonneuse" devant ses potes n'a pas le même type de réaction seul le soir devant sa télé, même si habitué au genre il prend ses distances avec le film. Sinon, son cas relève de l'internement à vie.

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #11 le: février 27, 2014, 05:18:39 pm »
?_? Tu pourrais être plus explicite stp Pat Monkey. Parce que là, j'avoue que j'ai du mal à te suivre sur la première partie de ton texte. J'ai l'impression que tu dis que "Alien" brise les codes mais en même temps ramène à -comme tu dis- la sempiternelle trame classique de la "maison hantée". Alors pour moi déjà, dû à mon jeune âge, "Alien" ("Le Huitième passager" on s'entend bien) est déjà un vieux film  ;D. Et puis, quand je remet chronologiquement les choses, je me rend compte que lorsque tu dis que les personnages d'"Alien" sont plus matures pour ciblés un public plus mature (tout à fait d'accord avec toi là-dessus) et qu'ils s'opposent au groupes de teenagers un peu con-con. Ces derniers sont typique du slasher dont le père est "Halloween". Là où je veux en venir :
Halloween : 1978______Alien: 1979
En prenant en compte le temps de production, j'ai du mal à croire que tonton R. Scott est voulu brisé les codes de papa Carpenter dont ce dernier c'était à peine rendu compte qu'il venait de créer un nouveau genre.
Et surtout peut-on comparer "Alien" à un slasher alors que c'est de la SF ? (vrai question, absolument pas rhétorique  ;))
« Modifié: février 27, 2014, 05:27:41 pm par Rogue Hellsin »

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #12 le: février 28, 2014, 07:00:40 pm »
Pour une fois que je rédige un post court... Mais t'as raison, une explication s'impose. Bon, d'abord, "Halloween, la nuit des masques", c'est certes un archétype mais pas "le modèle" du genre, considéré comme l'oeuvre qui en est à l'origine. Il s'inscrit dans une lignée commencée avec "Massacre à la tronçonneuse", qui lui est antérieur de quelques années comme tu le sais et qui est le premier film, selon moi, à proposer la vision moderne du genre en question, sous le nom de gore. Il faudrait d'abord examiner la question en tenant compte des genres et des sous-genres que tu as mentionnés, mais je m'en tiens dans les grandes lignes au schéma traditionnel de ton commentaire. Il se distingue du fantastique essentiellement sur deux points : la folie et le caractère sanglant de la mise en scène des meurtres. Je mets à part des réalisateurs comme Argento, Craven et même Carpenter dans ses meilleurs jours, qui apportent des thématiques particulières (relevant généralement du domaine artistique) à leurs films, comme la peinture ou la littérature.

J'ai parlé de vision moderne du genre car à l'origine du film gore il y a un film que nous avons récemment évoqué sur le forum, "Psychose" d'Hitchcock. Il faut bien sûr prendre en compte la censure de l'époque qui ne plaisantait pas (d'ailleurs la morale est sauve puisque Marion s'est tirée avec le fric de son patron), mais tous les ingrédients du genre sont là : la voyageuse paumée, le motel perdu, le tueur psychopathe et le meurtre sanglant. Le film gore évacue la psychologie (et même la notion de suspense car on sait d'avance ce qui va se passer) et se contente de reproduire la première partie du film, d'où la nécessité de multiplier les victimes.

Mais "Psychose" repose lui-même sur le vieux thème de la maison ou du château hanté qui a connu son heure de gloire avec les productions de la Hammer, surtout dans la décennie qui a précédé le film d'Hitchock, dont il reproduit le schéma classique. C'est la transition parfaite du fantastique au film d'horreur, soit le tueur psychopathe qui préviligie les instruments tranchants prenant le relais de Dracula aux canines sanglantes et de la créature du docteur Frankenstein à la tête boulonnée (il n'y a qu'à voir la tronche des tueurs en question).

"Alien, le 8ème passager" ne fait pas exception à la règle. Il reprend les mêmes ingrédients et les adapte à une situation nouvelle. On retrouve même le thème du "voyage" avec la halte fatale (Marion dans "Psychose", le minibus de "Massacre à la tronçonneuse") assez fréquent dans le film gore, car il s'agit généralement de passer de la civilisation à un lieu vécu comme hostile, plus ou moins sauvage. Dans "Alien", si l'équipage du Nostromo n'avait pas fait un détour par l'épave du vaisseau spatial, rien ne serait arrivé.

Maintenant en quoi j'y vois une transgression ou un détournement des codes, comme tu veux ? D'abord le film lui-même transcende le genre puisqu'il mélange le film d'horreur à la SF, alors que le film gore traditionnel reste enfermé dans ses limites (pour l'aspect SF, il faut déjà noter que le Nostromo est à cent lieues des vaisseaux spatiaux rutilants et flambant neuf que le genre propose habituellement, on baigne surtout dans le cambouis). Ridley Scott fait le choix judicieux de ne montrer la créature qu'à la fin du film, et encore dans des conditions telles qu'on la devine plus qu'on la voit. Les seuls plans où on la voit dans sa totalité, c'est lorsqu'elle est éjectée du vaisseau spatial. On sait par ailleurs que le réalisateur avait tourné des scènes montrant ses victimes prisonnières des cocons, scènes qu'il avait trouvées à ce point ridicules qu'il ne les a pas retenues au montage final (ses successeurs dans la saga auraient été bien inspirés de suivre son idée, à l'exception de Jeunet peut-être qui donne dans le pastiche avec pour résultat le plus mauvais film de la série, ce qui n'est pas un mince exploit quand on songe à l'artillerie lourde de Cameron). A l'inverse, le film gore ne se prive pas des apparitions du psychopathe de service dont l'allure terrifiante est un aspect essentiel du film. Dans "Alien", le massacre des membres de l'équipage est suggéré mais jamais montré, alors que le film gore repose avant tout sur l'aspect spectaculaire des scènes de meurtre ; dans "Alien", pas la moindre trace de victimes sanguinolentes. C'est la notion de suspense qui prime avant tout et j'ai dit que le film gore en était exempt. "Alien" se déroule dans un espace clos d'où il est impossible de sortir sans se condamner à mort, alors que dans le film gore le lieu, aussi isolé soit-il, communique toujours avec un autre espace d'où peut venir la délivrance quand il n'est pas lui-même une porte de sortie. Même hantés, les châteaux ont des portes et des fenêtres !

Maintenant est-ce que "Alien" est un authentique chef-d'oeuvre du 7ème Art ? C'est là que j'aurais dû entamer un nouveau paragraphe dans mon précédent commentaire pour ne pas donner à penser que j'enchaînais sur la même idée (c'était une simple introduction destinée à ceux qui tiennent définitivement le genre pour mineur). Honnêtement, je ne le crois pas (et encore faudrait-il s'entendre sur le mot chef-d'oeuvre bien sûr). Je le tiens pour un bon film, mais qui conserve à mes yeux le défaut majeur du genre : il n'a pas grand-chose à raconter (même en y cherchant des symboles et une dimension philosophique) et repose essentiellement sur l'élaboration d'un climat et des décors imposants où on reconnaît la patte du génial et regretté Moebius. C'est aussi un film qui a assez mal vieilli comme tous les films dont la mise en scène est ancrée dans une époque dont elle reprend les symboles. Les ordinateurs de bord fonctionnant sous Dos, ça me fait penser aux écrans à tube cathodique du métro dans "Total Recall" (le premier, celui de Paul Verhoeven). Laissons-lui quand même son statut de film culte, l'expression est tellement galvaudée aujourd'hui que ça n'engage à rien.
« Modifié: février 28, 2014, 07:15:25 pm par Pat Monkey »

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Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #13 le: mars 01, 2014, 12:50:51 am »
Ben comme quoi ! Faire un long message ça à du bon. Maintenant je te suis. Et si je comprend bien, pour toi "Alien" ne renouvelle le genre que de par son environnement: le vaisseau spatial dans l'espace. En même temps, reprenant le contexte historique, l'homme à marcher sur la lune il y a dix de cela. On pourrait même dire que c'était le début de l'emballement des nouvelles technologies. Je pense que ça à dû impacter l'imaginaire de beaucoup. Et puis c'est vrai que c'est effrayant l'espace. Demande à Sandra Bullock tiens  ;D. Bon il y en a eu d'autres avant qui exploitent cette phobie : "Mission to mars", "Sunshine", "2001", même le bon/mauvais "Event Horizon" (je le met parce qu'il me sera utile plus tard celui-là).
Bon on va pas s'éterniser sur pourquoi c'était une bonne idée. Je pense qu'on à tous compris et que toi et moi on est d'accord: ce qui est inconnue pour l'homme, ça lui fout les jetons.

Citer
Maintenant est-ce que "Alien" est un authentique chef-d'oeuvre du 7ème Art ?
Bonne question ! Je pense que l'expérience de chacun est pour beaucoup dans la vision d'un film. Pour ma part par exemple, j'ai vue "Alien" tardivement et surtout j'ai vue des Ridley Scott plus récent avant celui-ci, "Gladiator" notamment. Donc je dirais pas chef d’œuvre. L'un des chef d’œuvre de tonton R. Scott, sans doute. Un film qui à marqué de son empreinte les productions antérieurs, absolument. Et voilà à quoi il me sert le petit "Event Horizon"; à la vision de ce film, il m'as semblé clair qu'il était de forte inspiration d'"Alien". Et ensuite, il y a eu "Dead Space"; qui, selon moi, élimine tout le nanard d'"Event Horizon" et garde la première pensé d'"Alien".
Et perso, je trouve pas que le côté "futur rétro" si on peut dire (franchement je sais pas, je me suis peut être enflammé sur ce coup là) et si mauvais que ça. Au contraire, c'est mortel. Pourquoi faudrai-t-il que le futur soit tout beau tout clean avec des lens flares de partout. Non ça va, il est gentil le JJ (Abrams) mais bon. Un futur cradingue, c'est cool. Ca sent le cambouis, la clope et l'huile de méca. On y suffoque à cause de vapeurs de toutes sortes qui prennent de jolies couleurs criardes sous les néons grésillants dans la nuit. Hein ? C'est pas génial ça ? Et puis c'est cohérent à l'univers de Ridley, non ? Qui a dit "Blade Runner" ?

Tu dis qu'"Alien" n'est pas gore ?...Bon...faudrait que je le remate. Mais j'avais pas le souvenir; surtout à cause de ça en fait :

Cette scène m'as tellement marqué que depuis, lorsque je vois une femme enceinte, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle à un p'tit alien en elle. D'autant plus que je me suis mangé la saga dans la quasi-foulé  :D si tu vois ce que je veux dire.

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Re : Re : LE CINEMA D'HORREUR
« Réponse #14 le: mars 01, 2014, 10:14:45 am »
Tu dis qu'"Alien" n'est pas gore ?...Bon...faudrait que je le remate. Mais j'avais pas le souvenir; surtout à cause de ça en fait :

Perso, j'y vois une concession au genre, justement. Je l'interprète comme un clin d'œil qui souligne l'opposition avec ce qui va suivre. Après cette scène, on s'attend à une suite sanglante et on se laisse prendre au piège de l'attente d'un événement qui n'arrive jamais. Ridley Scott crée un faux suspense en quelque sorte, comme dans le film gore, sauf qu'ici le sang ne sera pas au rendez-vous. C'est une façon particulièrement habile de subvertir les codes.

Je ne pense pas qu'avec "Alien" Ridley Scott cherche à renouveler le genre, ce qui reviendrait à créer un nouveau modèle dont d'autres peuvent s'inspirer. Je pense qu'il s'amuse seulement avec les codes traditionnels de la SF et du film d'horreur, et c'est la raison pour laquelle j'ai dit que son film n'avait finalement pas grand-chose à raconter. Esthétiquement, il est très beau (comme le prouve ta photo...) mais derrière cette façade, c'est un peu le vide.

Maintenant, comme tu dis, chacun a sa vision du film. Heureusement, d'ailleurs.
« Modifié: mars 01, 2014, 10:33:14 am par Pat Monkey »

 

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