voici un article que j'ai écris pour "
La soif du 7ème art"J’ai encore rêvée d’elle et mes draps s’en souviennent…
Je me réveille et j'ai les yeux encore lourds de sommeil. Comme chaque matin, mes rêves me hantent par images ou sons et me parviennent par écho. Je me souviens, j'ai rêvé de Charlotte Gainsbourg, l'actrice que j'admire depuis longtemps maintenant. Je ne me souviens pas de l'origine de cet amour, pour quel personnage, probablement petit à petit, au gré de ses films tous de qualité inégales. Mais ce qui a fait accélérer la machine a été le visionnage de "Antichrist" que j'ai découvert chez moi, en dvd, la main sur la bouche en me demandant comme je pouvais regarder ça et surtout comme elle avait pu jouer ça. Comment elle avait pu jouer ce personnage aussi extrême, alors qu’elle a une image publique douce voire effacé (c’est aussi ce que j’aime chez elle : le contraste entre la femme qu’elle semble être et la femme qu’elle interprète dans certains de ses films.). Partagée entre gène et fascination, je n’ai pas quitté des yeux mon écran une seule fois. Je les ai regardés, elle et son corps frêle, faire des choses simple mais de façon extrême. Jouir, pleurer, crier, taper, traquer, manipuler, maudire, baiser, se caresser, se faire du mal, s’effondrer, perdre la tête, mourir. Un film anxiogène, angoissant, fascinant, dérangeant, bouleversant. Un chef d’œuvre qui repose entièrement sur elle. Et sur sa relation avec le réalisateur Lars Von Trier qui la manipulait pour faire sortir d’elle toute cette folie et cette souffrance (elle dira en avoir besoin pour puiser au plus profond d’elle). Je suis heureuse de leur rencontre car même si elle était déjà une bonne actrice (en jeune femme rebelle dans « La bûche », en jeune femme bien dans sa peau dans « prête-moi ta main »), le réalisateur la sublime, l’élève, l’aime à sa façon. Et depuis Antichrist, je trouve son jeu plus apaisé, plus juste. Comme si elle était enfin en paix avec elle-même.
Même si ses personnages ne s’en prêtent pas forcément. Dans Persécution, qu’elle a enchaînée direct après, elle joue une femme effacée aimant un connard. Dans Melancholia, elle joue une femme coincée, autoritaire et en même temps pétrie d’angoisse sur la vie et l’amour. Au final c’est dans L’Arbre qu’elle montre cette nouvelle femme, plus apaisée, une mère dans ce qu’il y a de plus simple mais aussi de plus difficile. La distance peut être, la proximité de ses enfants encore peut être ou justement l’après LVT. Elle n’a plus rien à prouver, elle peut se lâcher. D’ailleurs, dans Nymphomaniac, elle a juste à boire du thé assise dans ce lit triste pour voler la vedette à tout le monde avec juste un froncement de sourcil. J’aurai aimé être une tasse ou un oreiller.
J’aime certains de ses films plus que d’autre et dans chacun d’eux, il y a une scène qui me revient sans cesse. Ses films sont Prête-moi ta main, Antichrist, l’Arbre, Melancholia. 4 films majeurs pour moi.
Dans
prête-moi ta main, elle traîne sa nonchalance sexy et faussement rebelle du début à la fin en tant que fausse petite amie d’Alain Chabat. Cette scène c’est une situation, une phrase. Elle est censée être grossière mais n’arrive à sortir que « je vais faire caca ». Avec sa tête gênée juste après lorsqu’elle se rend compte de ce qu’elle raconte, elle a emporté mon cœur.
Dans
Antichrist, c’est une scène du début avant que la vraie folie ne l’emporte. Car elle est d’abord folle de chagrin d’avoir perdu son fils. Folle de douleur car la peine est présente et pesante. Folle de culpabilité car au final c’est à cause d’elle que son fils est mort. Une nuit elle veut boire mais son corps ne répond plus. Pour se punir elle en vient à se taper la tête sur les toilettes, jusqu’au sang. Une espèce de farce absurde qui reste à l’esprit longtemps.
Dans
l’Arbre, c’est une scène d’abandon total. Son mari est décédé la laissant seule avec 4 enfants, elle doit rester forte. Une nuit l’arbre du titre perd une branche qui s’écrase sur le lit de la chambre à coucher. Telle une figure mystique. Après la peur, elle trouvera du réconfort et pourra pleurer dans ses feuilles tout la nuit.
Dans
Melancholia, enfin, c’est sa dernière scène, son dernier plan. Melancholia la percute, elle arque le dos de douleur dans un cri muet. C’est fini.
Intouchable par mes coups de cœurs mensuels qui partent aussi vite qu'ils sont arrivés. J’ai, à présent, le plus grand respect et un amour profond pour l'actrice. Un attachement qui ne concerne ni la femme, ni la chanteuse, juste l'actrice.
Et j’espère ne jamais la rencontrer.
http://monpetitcinema.wordpress.com/