J'ai du mal en effet à imaginer Paris en presque village.
Pour l'image de la famille, je crois c'est même certain que j'ai été élevée par les mêmes que ceux des années 50 (avec toute la sacralisation qui va avec).
Oui la carotte c'est d'un lourd. Vadim l'a aussi filmé nue sur une fourrure d'ours avec un feu de bois... dans
La bride sur le cou. C'est le roi du cliché, le pauvre.
Il y a cependant une autre scène assez non conventionnelle : lorsqu'elle sort avec le frère de son mari... Alors qu'elle aime son mari, mais son frère aussi. Ça ne se fait toujours pas. Sauf si on s'appelle Carla Bruni
(sortir avec un homme puis son fils et faire un enfant avec le fils, il faut une sacrée ouverture d'esprit pour le faire, ce n'est même pas de l'ouverture d'esprit, c'est juste que ce n'est pas dans les mœurs)
Et la manière dont elle met le pied sur le visage du frère de Trintignant... Là c'est la Femme Reine. On est presque dans la vénus en fourrure.
Une autre scène que je trouve provoc, c'est la manière dont elle parle à la dame (mauvaise et coincée certes) qui vient l'inspecter sur son lieu de travail. Quel orphelin ferait ça en risquant d'aller je ne sais où ?
Mais ça s'est inspiré de B.B en elle-même. C'est le phénomène qu'était B.B et les gens le découvrait à l'écran (avec la touche d'exagération provoc de Vadim).
Pour la nudité, c'est là où pour une fois que Vadim est subtil... Les censeurs la "voyaient" nue. Mais de facto, on ne voit rien d'intime (ni seins, ni fesses (sauf de profil), ni nu frontal comme disent les américains).
Toutes les provocations du film sont éteintes par Vadim lui même puisque que la morale triomphe, B.B / Juliette est domptée avec avoir eu sa gifle, le patriarcat est sauf, elle va rester sans doute au foyer et être une bonne épouse pour son mari. C'est Sean French (biographe anglais de B.B) qui l'avait fait remarquer et je trouve que c'est juste.
La scène de Mambo a beaucoup choqué en Amérique... et pour cause ! Ils ont même interdit le film aux noirs !
C'est sûr qu'à l'époque la France ne pratiquait pas d’Apartheid et que ça ne choquait personne, à Saint Germain des près, de voir Gréco avec Miles Davis (bon, elle a quand même distribué quelques gifles à certains racistes).
D'ailleurs, d'après ce que j'ai lu, le film n'avait pas du tout cartonné en France et c'est le succès US qui en a fait un phénomène et a provoqué, en rétroaction, le même phénomène en France -alors que la sortie initiale s'était faite dans une sorte d’indifférence.
Ce qu'avaient aimé les mecs des cahiers du cinéma c'était qu'on montre une vraie fille comme dans la vie. B.B était pour une fois elle-même (avant ce n'était pas tellement le cas). Et puis dans le film le jeune Vadim et la jeune B.B disent merde aux vieux, au système, et c'était la démarche voulue par les Cahiers (qui ensuite sont eux-même devenus ce contre quoi ils se battaient).
La démarche des Cahiers était d'autant plus aveugle qu'il y a eu, dans le passé et le présent qu'il dénonçaient, des choses bien plus réalistes et provocantes que ce qu'ils faisaient. Par exemple, Manèges avec Signoret et Bernard Blier est un film très dérangeant (et très très bon) ! Sans parler des Clouzot and co.
C'est pour ça que Godard considère
Et dieu et
Le mépris comme les meilleurs films de B.B... Alors qu'avec le recul, les fans de B.B préfèrent La vérité, un très très bon films, sinon un chef-d'oeuvre... Les cinéphiles aiment Le mépris mais ce qui est sûr c'est que Et Dieu n'est plus considéré comme un bon film, ni un film choquant (parce que tout a été fait dans la transgression... ou presque), mais plus comme une curiosité ou un documentaire sur Bardot.
Petite parenthèse : Ah là là, la "cas" Brisseau... Il faudrait lui consacrer un topic. C'est vrai que ça m'a laissé dubitative, ce son délire de casting -et ses procès. Mais il faut séparer l'homme de l'artiste (même si ce n'est pas aisé avec lui) et ces gens là n'avaient rien à faire là. Personne n'a embêté Polanski à Cannes cette année par exemple. Le pauvre François Ozon s'est retrouvé taxé de misogynie alors que ça ne partait de rien (et pourtant je suis féministe mais Ozon n'avait rien dit ou fait qui vaille ce délire), tout ça avec le délire du buzz et d'internet. Le site du Mag cinéma s'est retrouvé insulté de toute part. Pareil pour Kechiche.Son film, tout le monde l'avait trouvé super -même ceux qui étaient prêt à le détester, puis survient une "polémique" (ses techniciens qui ont fait des happening, les rumeurs et tout ça). Eh bien moi je n'avais pas envie de savoir qu'il était un tyran ou qu'il a fait telle ou telle chose sur le film. Ca m'a gâché mon objectivité et dégoûtée de retourner voir le film lors de sa sortie officielle. Deux ans avant c'était le fameux délire sur Lars Von Trier : des journalistes étaient descendus de Paris rien que pour sa blague sur Hitler et c'est eux qui me l'ont apprise !!! La réponse que je leur ai faite ne leur a pas plu (j'ai dit que c'était de la provoc, pas étonnante de sa part, que David Bowie (période berlinoise) et Serge Gainsbourg (Nazi rock) avaient fait de même en leur époque... Et tout coup c'est le pauvre Gilles Eusebe qui s'est retrouver à tourner sur BFMTV !