Jean-Jacques Beineix incarne plus que quiconque le cinéaste adulé, décrié, puis diabolisé.
Une biographie intéressante est disponible sur la page de sa société de production
cargo film. Celle-ci présente l'intérêt d'être rédigée dans un style tape à l’œil qui lui va si bien, lui a valu gloire comme grief...
Né en 1946 à Paris,
Jean-Jacques Beineix débute comme assistant-réalisateur de Jean Becker puis de Claude Berri et Claude Zidi. En 1977, il réalise un premier court métrage
Le Chien de M. Michel, l'histoire d'un homme qui possède un chien qui n'existe pas.
En 1980, il réalise son premier long métrage
Diva, récompensé par quatre César mais conspué par la critique, qui reproche l'esthétique publicitaire.
Diva - TrailerCette même critique est dans l'air du temps, les publicitaires ayant tendance à passer au grand écran. Luc Besson sera lui aussi très vertement critiqué avec ce même argument [lors même que des films comme Subway étaient autrement plus valables que les sous-produits de l'industrie Besson actuelle].
A Cannes, en 1983, la projection de
La Lune dans le caniveau lui vaut mille insultes. Il y dirige Gérard Depardieu et Nastassja Kinski, dans une esthétique qui n'est pas sans faire penser à l'univers de
Caro et
Jeunet par exemple.
La Lune dans le caniveau - Jean-Jacques Beineix - extrait 1En 1986, quoi qu'il est difficile aujourd'hui de ne pas considérer ce film comme un film majeur,
37°2 le matin révèle
Béatrice Dalle mais également
Jean-Hugues Anglade . Le film défraye littéralement la chronique, que ce soit pour les mœurs visés, le scénario emprunté à
Philippe Djian, ou que ce soit pour le traitement qui est fait du scénario, et notamment les scènes de nu. Les ménagères et ménagers de plus (ou moins) de cinquante ans critiquent à tout va, mais se rincent l’œil dés que possible. Le film est un succès en salle, réunissant plus de 3.6 millions de spectateurs, jamais
Beineix ne fera mieux.
"Betty Blue" (Director's Cut) - Official Trailer [HQ]En 1989,
Beineix livre
Roselyne et les Lions, qui lui aussi divise la critique, et pour tout vous dire, nous divise même au sein du Mag Cinéma.
Roselyne et les lions - Jean-Jacques Beineix - extrait1La sortie d'
IP5 ne sera elle non plus pas exempte de polémique en 1992. On reprocher à
Beineix d'avoir épuisé
Yves Montand, mort d'un infarctus le lendemain du dernier jour du tournage.
Trailer IP 5 L'île aux pachydermesSon dernier film,
Mortel transfert , en 2001, avec au casting Jean-Hugues Anglade et Hélène de Fougerolles ne rencontrera pas son public, la faute probablement à la critique toujours aussi peu tendre.
Mortel Transfert - Bande Annonce 2010Depuis
Beineix, n'a plus réalisé de long métrage de fiction. Son style coloré a trouvé d'autres porte-parole; on pense notamment à
Xavier Dolan, ou encore
Wes Anderson, qui ne versent cependant dans la même lignée poétique.
Il s'est concentré sur ses activités autour du cinéma, en restant actif. Que ce soit en s'occupant de sa société de production,
Cargo films, qu'il avait créé pour produire
37°2 le matin, et qui dans les années 2000 a produit entre autres des films documentaires, d'animation, ou en s'investissant dans des activités syndicalistes, il est notamment Membre du Conseil d’Administration de L’ARP après en avoir également été le président.
Jean-Jacques Beineix est également le parrain d'évènements, tel le Festival CinémaScience de Bordeaux organisé par le CNRS.
On notera également que Beineix a écrit deux bandes dessinées en 2005 et 2006 avec des dessins de Bruno de Dieuleveult.
En 2006, Jean-Jacques Beineix a publié un premier tomme de ses mémoires, intitulé
Les Chantiers de la gloire, chez Fayard.
Dans son autobiographie, Jean-Jacques Beineix écrit ses mémoires de son enfance à une partie de sa carrière cinématographique. Le livre témoigne la production et le tournage de ses trois premiers long-métrages
En 2013,
Beineix a fait l'objet d'un exposition à Boulogne Billancourt, «
Studio Beineix » au musée des Années Trente, à Boulogne-Billancourt.
Voici une
interview qu'il a donné pour Télérama à cette occasion.