Bon. Je n'ai pas aimé le film...
Oui le film produit un effet particulièrement frustrant à plusieurs niveaux.
Le premier est que
Jalil Lespert ne confirme absolument pas après
Des vents contraires qui était nuancé, fin, bien observé.
Le second est que l'on a la très vulgaire impression que ce film n'appartient à aucun auteur, mais est une oeuvre à la fois fourre-tout et fourre-rien.
Le troisième est esthétique, le mélange des genres, entre biopic d'une part, et tranche de vie d'autre part ne fonctionne pas du tout.
Si l'on s'attend à un biopic, nul épique, nulle empathie pour les personnages, tout nous égare. Le genre n'est pas respecté (fut-il commercial, certains biopics entraînent, émeuvent, à force de procédé certes malhonnêtes mais efficaces).
Si l'on regarde le film comme un film d'auteur, intimiste, qui s'intéresse aux détails, aux méandres, à la psychologie profonde des personnages, à l'environnement, aux détails qui font toutes la différence, là encore, nous sommes déçus.
Le quatrième est au niveau du rythme, très cyclique, et à ce niveau il rappelle
Springbreakers ou les films de
S. Coppola; (voire récemment également
La grande Bellaza ou
Gatsby Le magnifique) sauf que le sujet n'est pas là... Cette étrange impression de vacuité qu'il en ressort rend l'exercice vain.
Le cinquième concerne ce qui est raconté. Soit il en est trop dit, soit il n'en est pas dit assez. Tout ceci frustre au plus haut point.
Le sixième, lié au cinquième, se situe au niveau de l'observation ... Nous avons l'impression, quoi qu'il déterre quelques secrets de polychinelles, de ne pas être au plus prêt d'
Yves Saint Laurent, voire de
Pierre Bergé. Ce sont presque des caricatures, que les qualités d'acteurs (particulièrement le travail sur la voix) des sociétaires de la comédie française ne sauvent pas.
Enfin, et en continuant de se référer au choix scénaristique, on regrettera la temporalité de ce film; qui était
Yves Saint Laurent enfant ? Qui était
Yves Saint Laurent adulte ? Comment s'est-il fait ? Pourquoi était-il à ce point tourmenté ? Sa chute mentale, fut-elle lente, rapide, inexorable ? Son entourage est-il coupable ?
Autant de questions dont les réponses nous seront peut être, on l'espère, apporter [sans vérité absolue] par un
B. Bonello à l'esprit plus tourné sur l'art, sur l'ambiance; sur les effets de mode, et d'époque, à la réflexion évidente sur les questions de moeurs et dont la démarche ne devrait pas tant nous décevoir, a minima sur le plan artistique.
http://www.vanityfair.fr/actualites/france/articles/la-collection-maudite-de-saint-laurent/1538
Par contre ce lien en dit bien plus que le film ! C'est assez consternant d'une façon, instructif d'une autre. Décidément Bannier est de tous les bon coups !