Une petite revue de presse ...
Europe 1Palme d'or: Timbuktu ou Mr Turner
Grand prix du Jury: Winter Sleep ou Mommy
Prix du Jury:2 jours et une nuit
Prix de la mise en scène:Maps to the stars
Interprètation masculine: Thimothy Spall
Interprète Féminine: Hilary Swank ou Julianne Moore
Le nouvel obs:Qui rit vendredi, samedi pleurera ?
Par Pascal Mérigeau
À Cannes comme ailleurs les meilleurs ne l’emportent pas toujours. Et pas davantage les favoris. Aussi bien, rien ne permet d’affirmer que la Palme d’or ira demain au film de Xavier Dolan, comme depuis jeudi la rumeur en court sur la Croisette. "Mommy", en effet, a plu, et même beaucoup plu, il a toutes les qualités pour cela, énergie, jeunesse, une pincée de sentimentalisme, un soupçon de démagogie, beaucoup de chansons, une rapidité qui ne fait pas oublier une durée excessive mais permet de passer sur pas mal de facilités scénaristiques, un côté superficiel qui offre à tout un chacun d’apercevoir une profondeur qui n’y est pas, et même une jolie idée pour que les spectateurs battent des mains, quand le personnage en repoussant les bords du cadre modifie le format de l’image projetée.
Il y a aussi, il y a surtout, deux actrices renversantes, Anne Dorval et Suzanne Clément, dont on ne serait pas fâché qu’elles se retrouvent au palmarès, ensemble si possible. "Mommy" appartient sinon à cette catégorie de films séduisants et plaisants qui, dans un festival comme Cannes, peuvent passer pour plus grands qu’ils ne sont.
Si grands films il y eut cette année, ce que seul le temps en passant confirmera ou non, ils avaient nom plutôt "Sommeil d’hiver", "Deux jours, une nuit", "Mr. Turner" : Nuri Bilge Ceylan, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Mike Leigh seront-ils à Cannes ce samedi ? Les meilleurs films ne l’emportent pas toujours. Et "Timbuktu", présenté en tout début de Festival ? Il faut se souvenir, surtout, que tous les palmarès cannois comptent une surprise au moins. Et que cette année encore, celle-ci pourrait être de taille. Le prix d’interprétation pour Roxy Miéville, le clebs du film de Godard ? Peut-être pas quand même, mais allez savoir !
Politis.frPalme d’orParce que c’est le seul vrai objet tranchant de la compétition, l’OVNI flamboyant, et parce que son auteur ne l’a jamais obtenue depuis qu’il fait des films, je décernerais la palme à Adieu au langage, de Jean-Luc Godard . Bien sûr, cela ferait grincer bien des dents, et hurler dans les chaumières, mais cette palme serait héroïque, car radicalement tournée vers l’art contre l’industrie.
La palme à Still the Water, de Naomi Kawase , serait aussi un bon choix. Jane Campion peut être tentée de décerner la palme à une femme – la réalisatrice de la Leçon de piano étant à cette heure la seule femme auréolée d’or cannois. En outre, Still the Water est un film fascinant pour qui est prêt à y entrer.
Mais il se pourrait que Mommy (cf. plus haut), ou Winter Sleep, du Turc Nuri Bilge Ceylan , qui vient ce soir de recevoir le prix Fipresci de la critique internationale pour la compétition officielle, emporte la récompense suprême.
Grand PrixSans hésiter, parce qu’il est rare de pouvoir honorer un film qui fait rire, même si c’est ici un rire au vitriol, je l’attribuerais aux Nouveaux Sauvages, de l’Argentin Damian Szifron , le seul cinéaste de la compétition dont on ne savait que très peu de choses avant le festival. Une petite révélation, donc.
Mais Winter Sleep , s’il n’a pas la palme d’or, pourrait figurer ici.
Prix de la mise en scèneMême s’ils ont déjà reçu de nombreux prix à Cannes, je le décernerais à Luc et Jean-Pierre Dardenne pour Deux jours, une nuit , car ils ont réussi à rendre passionnant un scénario, toujours très minutieux chez eux, mais qui avait en germe le risque de la monotonie.
Prix du scénarioC’est un des prix les plus difficiles à décerner. Comment faire la part des choses entre le film terminé, celui qu’on a découvert ici, et le scénario initial ? Pour son inventivité, la richesse de ses registres, je le donnerais à Timbuktu, du Mauritanien Abderrahmane Sissako .
Prix du juryCe serait un bel encouragement que de le décerner à ce joli film italien, le second d’Alice Rohrwacher, les Merveilles .
Prix d’interprétation féminineJulianne Moore, dans Maps to the Star, de David Cronenberg. Mais Marion Cotillard ne déparerait pas. Anne Dorval (voir plus haut), dans Mommy, a aussi ses chances.
Prix d’interprétation masculineGaspard Ulliel, dans Saint-Laurent, de Bertrand Bonello. Mais là, les candidats se bousculent : on parle beaucoup de Steve Carell, dans Foxcatcher, de l’Américain Bennett Miller. Timothy Spall, dans Mr Turner, de l’Anglais Mike Leigh, est un outsider sérieux.
Enfin, on a noté une surabondance de chiens dans les films de la compétition. De Roxy, le chien de Jean-Luc Godard, aux avant-postes d’Adieu au langage, au bouledogue d’Yves Saint-Laurent, Moujik, en passant par le chien malencontreusement tué dans le film de Cronenberg. Et j’en oublie. Mais c’est le chien de White Dog, du Hongrois Kornel Mundruczo, film présenté à Un Certain regard, qui a remporté cette année la Palm Dog – cette information n’est pas un fake (ou une blague, comme on dit aujourd’hui).
L'express:Palme d'orFabrice Leclerc: Timbuktu d'Abderrahmane Sissako
Parce c'est sûrement le film le plus "complet " cette année à Cannes, qui traite d'un sujet brûlant en magnifiant le cinéma dans toute sa diversité. Ce serait aussi donner une première Palme au continent noir africain.
Eric Libiot: Timbuktu d'Abderrahmane Sissako
Mince, je suis d'accord avec Fabrice. Projeté le premier jeudi, ce film s'accroche à la mémoire depuis dix jours. Etat de grâce permanent. Des images, du cinéma, un discours, de la poésie, de l'humour, de la dureté, de l'autodérision. Très grand film qui, en plus, devrait obtenir un succès populaire. Il le mérite.
Grand prix du juryFL: Mommy de Xavier Dolan
Parce que le jeune réalisateur québécois poursuit un parcours (presque sans faute) avec Mommy, une tornade de cinéma sensoriel, parfois outré ou trop long mais avec quelques séquences d'anthologie. Ne pas donner tout de suite une Palme d'or à Dolan ne pourra que faire du bien à ce prodige encore trop turbulent.
EL: Mommy de Xavier Dolan
Mince, je suis d'accord avec Fabrice. Un mélo excessif, émouvant, magnifié par un trio de comédiens et par un amour du cinéma comme on en voit peu. Xavier Dolan fait une confiance quasi aveugle à son cinéma et ça, c'est touchant.
Prix du juryFL: Relatos Salvajes de Damian Szifron
C'est la très bonne surprise et la découverte de ce festival: un film à sketch qui réintroduit l'humour (trash) sur la Croisette, et révèle un auteur qui en a entre les oreilles. Un prix du jury serait pour lui un gage de confiance pour la suite qu'on attend déjà.
EL: Saint Laurent de Bertrand Bonello
Des partis-pris, de la mise en scène, un point de vue sur le sujet (et une séquence finale ratée). Pas si fréquent dans le "biopic", genre trop souvent illustratif.
Prix d'interprétation masculineFL: Steve Carell dans Foxcatcher de Bennett Miller
Cannes n'aurait pas à rougir de récompenser cet acteur génial, déjà satellisé pour les oscars 2015 et qui campe dans ce drame viril et attachant un milliardaire manipulateur. Une performance toute en finesse. Du grand art.
EL: Steve Carell dans Foxcatcher de Bennett Miller
Dis donc Fabrice, t'as triché sur moi ou quoi? Evidemment, c'est un rôle à performance: acteur comique pour personnage dramatique, transformation physique, jeu décalé et hors des rails. Carell est un génie de la drôlerie, c'est maintenant un comédien de première catégorie, version col du Tourmalet sur les jantes.
Prix d'interprétation féminineFL: Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit, des frères Dardenne
Injustement ignorée pour De rouille et d'os de Jacques Audiard, Marion Cotillard transcende cette fois l'univers des frères Dardenne dans un nouveau rôle casse-gueule et bouleversant qu'elle mène avec une minutie de tous les instants.
EL: Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne
Ca commence à devenir étrange cette unanimité. Bref. Pas grand fan du film mais Marion Cotillard le tient sur ses épaules. Elle avance, elle panique, elle tremble, elle sourit, elle relève la tête.
Prix de la mise en scèneFL: Ken Loach pour Jimmy's Hall
Si le réalisateur britannique est déjà titulaire de nombreux prix cannois, celui-là viendrait récompenser l'intelligence et le romanesque d'un cinéaste dont on dit qu'il serait sa dernière "fiction". Raison de plus.
EL: Nuri Bilge Ceylan, pour Winter Sleep
Là, Fabrice a bu trop de whisky. Faut l'excuser. La mise en scène, c'est NBC. Point. Un type qui transforme dix minutes de champ/contre-champ statiques en western épique à droit au respect le plus total.
Prix du scénarioFL: Winter sleep, de Nuri Bilge Ceylan
Long et lent, le cinéma de Ceylan n'en est pas moins riche. Cette fois ses silences ont fait place à un film ouvert, bavard et passionnant sur la rédemption. Écrire sur la longueur est un défi que le cinéaste turc a relevé haut la main.
EL: Foxcatcher de Bennett Miller
Ils s'y sont mis à trois -Kristin Gore, E. Max Frye, Dan Futterman- pour écrire ce conte cruel d'une Amérique infantile et neurasthénique, et rendre passionnante une intrigue sur la lutte
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