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Harvey Weinstein : Asia Argento, Angelina Jolie : des témoignages accablants.

Mis à jour le 1 novembre, 2017

Le 5 octobre le producteur le plus puissant d’Hollywood a été accusé dans un article du New Yorker d’abus sexuels auprès de nombreuses femmes, dont des actrices connues telles qu’Ashley Judd et Rose McGowan. Depuis il s’est défendu en arguant le changement de mœurs depuis les années 60-70, a été renvoyé de sa propre compagnie (The Weinstein Compagny) tandis que des témoignages accablants tels que ceux d’Angelina Jolie, de Rosana Arquette, Asia Argento, Emma De Caunes s’ajoutaient dans le New York Times. Retour sur les faits.

Cara Delevingne

Dans un premier temps, l’actrice et mannequin britannique explique comment Harvey Weinstein l’a menacée de plomber sa carrière si elle s’affichait publiquement avec une femme. « Quand j’ai commencé à travailler en tant qu’actrice, je travaillais sur un film et j’ai reçu un appel de Harvey Weinstein me demandant si j’avais couché avec n’importe laquelle des femmes avec qui j’ai été vue dans les médias. (…) il m’a dit que si j’étais gay ou décidée à être publiquement avec une femme, je n’obtiendrais jamais le rôle d’une femme hétéro et je ne serais jamais actrice à Hollywood. »

La comédienne raconte ensuite avoir rencontré le producteur dans le hall d’un hôtel pour un futur film. Une fois seuls, Harvey Weinstein a proposé à la jeune femme de monter dans sa chambre. Une demande que Cara Delevingne refuse, avant d’accepter sur les conseils de l’assistante du producteur.

« A ce moment précis, je me sentais impuissante et effrayée mais je ne voulais pas le montrer. J’espérais que je me trompais sur la situation. En arrivant dans la chambre, j’ai d’abord été rassurée en voyant qu’une autre femme était présente. Il nous a demandé de nous embrasser et elle a commencé à l’aguicher », explique-t-elle avant de poursuivre.

« Je me suis rapidement levée et lui ai demandé s’il savait que je chantais. Et j’ai commencé à chanter… Je pensais que cela améliorerait la situation, en la rendant… plus professionnelle… comme une audition… j’étais tellement nerveuse. Après avoir chanté, j’ai répété que je devais partir. Il m’a raccompagnée à la porte de sa chambre et a essayé de m’embrasser sur les lèvres. Je l’ai arrêté et j’ai réussi à sortir de la pièce. »

Cara Delevingne confie également les raisons de son silence, à la fin de son message. « Je ne voulais pas faire de mal à sa famille, je me sentais coupable comme si j’avais fait quelque chose de mal », explique-t-elle.

Léa Seydoux

Dans le Guardian , Léa Seydoux raconte l’agression dont elle a été victime, et dénonce l’omerta d’un milieu tolérant ce genre de comportements abusifs. L’actrice française détaille sa première rencontre lors d’un défilé de mode avec le réalisateur. «J’ai tout de suite compris qui il était […] Il était charmant, drôle, intelligent, mais très dominant». À sa demande, Léa Seydoux accepte de rencontrer le géant hollywoodien dans le lobby de son hôtel. Le réalisateur se sert du travail comme d’un prétexte pour «flirter» avec la jeune femme. «Il me regardait comme si j’étais un morceau de viande. Il faisait comme s’il envisageait de me donner un rôle. Mais je savais que c’était des conneries. Je le savais, je pouvais le voir dans ses yeux. Il utilisait son pouvoir pour avoir des rapports sexuels».

Harvey Weinstein invite ensuite l’actrice à le rejoindre dans sa chambre pour un verre. «C’était dur de dire non, il a tellement de pouvoir. Toutes les filles ont peur de lui». L’assistante du réalisateur, présente tout au long de la soirée, les laisse alors seuls. «C’est là qu’il a perdu le contrôle».

«Nous étions installés sur le canapé, et soudainement il s’est jeté sur moi et a essayé de m’embrasser. J’ai dû me défendre. Il est grand et gros, j’ai utilisé toute ma force pour lui résister. J’ai quitté sa chambre, j’étais dégoutée».

Depuis cette nuit, Léa Seydoux a croisé son agresseur à de nombreuses reprises, et l’a vu opérer de la même façon avec plusieurs jeunes-femmes. «Tout le monde savait ce que Harvey faisait et personne n’a rien fait. Il est incroyable qu’il ait pu agir comme ça pendant des décennies et garder sa carrière. C’est seulement possible parce qu’il a énormément de pouvoir», dénonce l’actrice.

Le problème, toutefois, dépasse Harvey Weinstein, dit-elle au Guardian. Léa Seydoux dit avoir reçu des avances sexuelles de plusieurs hommes lors de tournages. «La première fois qu’un réalisateur m’a fait des avances, j’avais environ 25 ans. C’était quelqu’un que j’aimais beaucoup et que je respectais. Nous étions seul, et il m’a dit qu’il aimerait pouvoir coucher avec moi». L’actrice plusieurs fois récompensée poursuit l’énumération de ces agressions verbales et physiques. Elle explique avoir travaillé avec un cinéaste qui tournait de très longues scènes de sexe qui pouvaient durer des jours. «Il n’arrêtait pas de nous regarder, il repassait les scènes, encore et encore. C’était répugnant». Et pour certains de ces hommes, pas questions d’accepter un refus. «Un autre réalisateur a essayé de m’embrasser. J’ai du le repousser physiquement. Il est devenu fou, dérangé que je n’ai pas voulu avoir de rapports avec lui».

«Ce métier est basé sur l’apparence. Vous devez être désirable pour être aimée. Mais tous les désirs ne peuvent pas être assouvis, même si les hommes dans le milieu du cinéma croient le contraire», conclut-elle, en espérant un changement des mentalités.

Ashley Judd

Ashley Judd affirme dans le New York Times qu’il y a vingt ans, alors qu’elle était venue le voir pour un petit-déjeuner de travail, il l’a faite monter dans sa chambre d’hôtel. En peignoir, il lui aurait alors demandé s’il pouvait la masser ou si elle pouvait le regarder prendre une douche.

Elle dit s’être demandée: «comment puis-je sortir de la chambre le plus vite possible sans m’aliéner Harvey Weinstein?» ajoutant s’être sentie «paniquée, piégée».

Rose McGowan

En 1997, Rose McGowan a passé un accord amiable de 100.000 dollars avec Harvey Weinstein à la suite d’un autre incident dans une chambre d’hôtel pendant le festival de Sundance. Elle n’avait alors que 23 ans et venait de jouer dans le film d’horreur à succès Scream.

 

Emma de Caunes

Les faits se sont produits en juin 2010, à l’hôtel du Ritz, à Paris. Emma de Caunes a rencontré une première fois Harvey Weinstein lors d’une soirée au Festival de Cannes. Le producteur lui propose de déjeuner en sa compagnie. Lors de ce rendez-vous, il lui annonce qu’il va produire un film d’un réalisateur réputé, en France, et qu’il cherche une comédienne. C’est l’adaptation d’un roman, mais il ne se souvient plus du titre. Il lui dit alors qu’il a le livre dans sa chambre et l’invite à l’y accompagner. Emma de Caunes, prudente, lui répond dans un premier temps qu’elle doit se rendre à un enregistrement pour une émission de télévision avec notamment le rappeur Eminem, mais elle finit par suivre Harvey Weinstein, devant l’insistance de ce dernier.

Arrivée dans la chambre, elle reçoit un coup de fil. Harvey Weinstein s’absente et se rend dans la salle de bains. Elle pense qu’il se lave simplement les mains mais elle entend le bruit de la douche. L’homme ressort nu, le sexe en érection. Il lui demande de s’allonger sur le lit, en lui expliquant que de nombreuses femmes ont fait cela avant elle. «J’étais pétrifiée», confie Emma de Caunes au «New Yorker», «mais je ne voulais pas lui montrer que j’étais pétrifiée car je sais que plus il sentirait ma peur, plus il serait excité. C’était comme un prédateur avec un animal sauvage».

Emma de Caunes résiste et quitte le nabab d’Hollywood qui lui lance : «Nous n’avons rien fait, c’est comme un film Disney». Et Emma de Caunes de lui répondre : «J’ai toujours détesté les films Disney» et de prendre les talons. Harvey Weinstein l’a ensuite appelée à plusieurs reprises, lui a envoyé des cadeaux et lui a répété que rien n’était jamais arrivé.

Asia Argento

Asia Argento a joué dans B.Monkey, produit par Miramax en 1999.

A l’époque, au début des faits, Argento a 21 ans. En 1997, un des associés de Weinstein l’invite à une fête de Miramax à l’hôtel Eden Roc. Professionnellement, elle se sent obligée d’y assister. Mais quand elle est déposée au dit endroit, ce n’est qu’une chambre d’hôtel où se trouve seul Weinstein. « Où est la putain de fête ? » L’associé lui dit : « Oh nous sommes arrivés trop tôt » avant de la laisser seule avec Weinstein. Au début, ce dernier lui fait des louanges sur son travail. Ensuite il quitte la chambre. Puis revient vêtu d’un peignoir avec une bouteille de lotion. « Il me demande de lui faire un massage. Et je me disais : ‘Oh mec, je ne suis pas dupe’ Mais avec le recul, j’étais dupe. »

Après qu’elle eut donné un message avec réticence, il arrache sa jupe, écarte ses jambes et pratique un cunnilingus alors qu’elle ne cesse de lui dire d’arrêter. « Weinstein me terrifiait, il était si balèze Ça n’arrêtait pas. C’était comme un cauchemar.« 

Argento rapporte qu’à un certain moment elle a arrêté de dire non et a feint le contentement, car elle pensait que c’était la seule manière dont ça s’arrêterait. « Je ne voulais pas, je disais ‘non, non, non…’ C’est tordu, un gros grand type qui veut vous manger, comme dans les contes effrayants. »

Argento  dit qu’elle ne voulait pas se battre physiquement avec lui, chose qui a provoqué des années de culpabilité.

« Le fait d’être une victime me faisait me sentir coupable. Parce que si j’avais été une femme forte, je lui aurais donné un coup de pied entre les jambes et me serai enfuie. Mais je ne l’ai pas fait. Donc je me sentais responsable de ça. » Elle décrit l’incident comme un horrible trauma. Des années après, cette pratique sexuelle est toujours un problème pour elle. « J’ai été abîmée. Rien que d’en parler, tout mon corps tremble.« 

Argento se souvient être restée assise sur le lit après l’abus, ses vêtement « en lambeaux ». Elle rapporte avoir dit à Weinstein ‘Je ne suis pas une pute‘ puis de s’être mise à rire. Il dit qu’il mettrait la phrase en slogan sur un tee-shirt. Après, « il n’arrêtait pas de me contacter » Pendant quelques mois Weinstein semblait obsédé, lui offrant des cadeaux onéreux.

Ce qui complique l’histoire, c’est qu’Argento laisse rapidement Weinstein être proche d’elle. Weinsten dînait avec elle, et la présenta à sa mère. « Il faisait en sorte que je perçoive que j’étais une amie et qu’il m’appréciait réellement. » Elle rapporte avoir eu plusieurs relations sexuelles consenties cinq années durant. La première fois quelques mois après l’épisode de l’hôtel, juste avant la sortie de B Monkey. « Je me sentais obligée, parce que le film sortait et que je ne voulais pas le mettre en colère. » Elle pensait que Weinstein ruinerait sa carrière si elle n’obtempérait pas. Des années plus tard, alors qu’elle est jeune maman Weinstein lui offre de lui payer une nounou. Elle dit quelle se sentait « obligée » de se soumettre à ses avances sexuelles.

Asia Argento sait que ces précisions peuvent mettre en danger la crédibilité du viol de l’hôtel. Cette première agression, dit-elle, l’avant faite se sentir affaiblie à chaque fois qu’elle rencontrait Weinstein, même des années après. « Rien que son corps, sa présence, son visage, me font revenir à quand je ne n’était qu’une jeune fille de 21 ans. Quand je le vois, ça me fait me sentir petite, stupide et faible. Après le viol, il a gagné. »

En 2000 Asia réalise Scarlet Diva, une semi autobiographie où elle joue son propre rôle. Dans le film, un producteur de renom lui demande de le masser avant de tenter de l’agresser. Après que le film fut sorti, des femmes approchent l’actrice réalisatrice, en disant qu’elles ont reconnu le comportement de Weinstein dans cette scène. « Les gens me demandaient à moi des choses sur lui à cause de cette scène dans la film. Certain(e)s reconnaissent des détails similaires : des rendez-vous professionnels donnés dans des chambre d’hôtel, en robe de chambres avec des demandes de massages et, dans d’autres cas, des relations sexuelles forcées. »

Weinstein, d’après Argento, a vu le film lors de sa sortie aux Etats Unis et s’est alors reconnu. « Ah, ah, très drôle » se souvient-elle qu’il lui dit avant qu’il n’ajoute « Désolé pour quoi qu’il se soit passé. » La chose la moins similaire à l’incident, dixit l’actrice, est la fin de la scène : « Dans le film je m’enfuyais« .

Gwyneth Paltrow

A 22 ans, elle croise la route d’Harvey Weinstein qui la choisit pour le premier rôle d’Emma, l’adaptation du roman de Jane Austen.

Elle aussi se voit proposer un massage dans une chambre d’hôtel, avant le début du tournage. « J’étais une gamine, je venais de signer, j’étais pétrifiée« , révèle-t-elle.

Vulnérable au tout début de sa carrière, elle a remporté quelques années plus tard, en 1999, l’Oscar pour Shakespeare in Love produit par Weinstein. L’homme qu’elle accuse de harcèlement sexuel est aussi celui qui a lancé sa carrière.

Angelina Jolie

Dans son cas, les « avances non désirées » d’Harvey Weinstein ont lieu dans une chambre d’hôtel dans les années 90, au moment de la sortie de La carte du cœur : « J’ai eu une mauvaise expérience avec Harvey Weinstein dans ma jeunesse, par conséquent, j’ai choisi de ne plus jamais travailler avec lui et j’ai prévenu les autres quand ils étaient amenés à collaborer avec lui« , dit-elle. « Ce comportement envers les femmes est inacceptable, quel que soit le domaine d’activité ou le pays. »

Rosanna Arquette

 

Au début des années 90, Rosanna Arquette doit rencontrer Weinstein à un dîner au Beverly Hills Hotel pour prendre un scénario pour un nouveau film. Il lui donne rendez-vous dans sa chambre. Il ouvre et lui dit qu’il a besoin d’un massage, lui prend la main et la pose sur sa nuque. Quand elle la retire, il la reprend et la place sur son sexe en érection. «Je ne ferai jamais ça», lui dit-elle et il lui répond qu’elle fait une grave erreur. Rosanna Arquette assure que suite à ce refus, le producteur s’est acharné, pendant des années, à freiner sa carrière.

Mira Sorvino

La première rencontre a lieu en septembre 1995, quand il lui masse les épaules et essaye d’aller plus loin dans un hôtel à Toronto. Elle lui dit que c’est contre sa religion de sortir avec des hommes mariés (il était alors marié à Eve Chilton) et quitte la chambre

Quelques semaines plu tard, Weinstein arrive à l’appartement de l’actrice. Elle appelle un ami pour qu’il vienne et prétende être son petit ami. « Harvey avait réussi à  se rendre jusqu’ à mon appartement malgré le concierge. » Quand il voit l’ami de Sorvino, il quitte les lieux.

Judith Godrèche

Les faits se sont produits en 1996 lors du Festival de Cannes. Après un petit déjeuner de travail, l’actrice de «Ridicule» est invitée par Harvey Weinstein à poursuivre la discussion pour discuter du marketing du film et même d’une campagne pour les Oscars. «J’étais si naïve», regrette-t-elle. Il lui propose un massage, elle refuse. Il se presse contre elle et tente de lui retirer son pull. Elle quitte la suite. Et quand elle a appelé une dirigeante de Miramax, la compagnie de Harvey Weinstein et de son frère Bob, celle-ci lui a conseillé de ne rien dire et ont mis sa tête sur l’affiche, comme pour mieux obtenir le silence. «J’ai essayé de considérer ce qui s’est passé au fil des ans, de trouver en moi une solution et de prétendre que ce genre de choses ne s’est jamais produit», a-t-elle dit. «J’aurais aimé avoir quelqu’un à qui parler, pour lui dire: » Comment faites-vous face à ça?».

Hayley Atwell

 

En 2007, la future « Agent Carter » est alors âgée de 24 ans. Elle tourne dans un film produit par Harvey Weinstein, Brideshead Revisited, et se voit confier un rôle important pour la première fois de sa carrière. Le producteur tente de flirter avec elle. Puis lors d’un déjeuner avec l’équipe de tournage, il lui explique qu’il faut qu’elle surveille ce qu’elle mange. Il a vu quelques images du film et n’est pas content : « Tu ressembles à une grosse truie à l’écran. Arrête de manger autant. »Manque de bol pour lui, la jeune actrice en parle à sa co-star, Emma Thompson, détentrice d’un Oscar. Scandalisée, la comédienne décroche son téléphone pour dire à Harvey Weinstein ses quatre vérités, à savoir qu’il est une brute misogyne. Et tout à coup, le rapport de force est différent. Une femme puissante face à un homme puissant. Et non plus un homme qui tente de percer à Hollywood.

 NB: Harvey Weinstein était membre du jury Un Certain Regard cette année encore:

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